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Critiques de Jean Donneau de Visé (2)
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La devineresse

La devineresse ou Les faux enchantements a été écrite à quatre mains : il s’agit d’une collaboration entre Thomas Corneille et Jean Donneau de Visé. Les deux hommes se connaissent bien, et Thomas Corneille va tout de suite après la création de la pièce, commencer sa collaboration au Mercure Galant, la revue créée par Donneau de Visé.



La pièce est créée en 1679, en pleine affaire des poisons : Catherine Desyayes, la fameuse Voisin, a été arrêtée quelques mois auparavant, elle sera exécutée au début de l’année 1680. Le public fait forcément le rapprochement avec la Madame Jobin de la pièce, et elle a un grand succès. Les deux auteurs auraient d’ailleurs touché une somme record pour leur œuvre de la part des comédiens qui l'ont jouée.



Il s’agit en réalité d’une comédie bon enfant, dans laquelle toute une série de dupes se précipitent chez Mme Jobin pour se faire plumer. Cette dernière se sert de quelques domestiques ou espions pour connaître suffisamment de la vie de ses clients pour leur laisser penser qu’elle est omnisciente et leur extorquer de l’argent pour des prédictions qui vont dans le sens de ce qu’ils attendent, ou pour leur vendre des enchantements ou charmes totalement inoffensifs. Elle a une sorte d’intelligence qui lui permet de comprendre ce que les gens attendent d’elle et comment elle peut répondre à cette attente, sans trop prendre de risques. Elle fait bien croire à ses victimes qu’elle entretient un commerce avec les esprits ou le diable, mais la pièce ne laisse planer aucun doute sur le côté mensonger de cet aspect des choses. Mme Jobin n’y croit pas du tout, ses diables sont des manipulations, et il ne s’agit pas non plus de poison, ni de sombres machinations. Juste des petites escroqueries, sur des gens trop crédules, ce qui doit servir de leçon aux spectateurs. Les victimes sont nombreuses, issues de toutes les classes sociales, Mme Jobin arrive à jouer sur les envies, les peurs, les mesquineries de tout un chacun, et sert à tout le monde le discours gratifiant que ses pratiques attendent. A la limite, ils n’ont à s’en prendre qu’à eux-mêmes, à leur sottise, avidité, crédulité.



C’est un discours rassurant, dans un contexte de peur provoqué par l’affaire en cours, une façon de présenter les choses qui convient parfaitement au pouvoir, certains sont allé jusqu’à dire que la pièce aurait été initiée par le lieutenant général de police, mais il n’y a aucune preuve dans ce sens.



Malgré le succès de la pièce, on peut difficilement la considérer comme une œuvre majeure. Elle est relativement longue, c’est un défilé de diverses victimes, la plupart du temps sans lien entre elles. Certaines scènes peuvent être drôles, mais l’accumulation finit par lasser.



Oeuvre de circonstances, elle ne semble avoir connue qu’une seule édition du vivant des auteurs.
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Nouvelle Collection Moliéresque IX; La Veuve ..

Jean Donneau de Visé est surtout connu comme fondateur et rédacteur du Mercure Galant, une sorte de magazine, d’abord trimestriel puis mensuel, qui rendait compte de l’actualité, qui évoquait aussi l’actualité artistique, par exemple théâtrale. Donneau de Visé s’est beaucoup impliqué dans les querelles littéraires de son temps, et a écrit un certain nombres d’oeuvres, nouvelles et pièces de théâtre. La carrière de lettres lui a permis d’échapper à l’état ecclésiastique.



La veuve à la mode a été créée le mai 1667 par la troupe de Molière, bien que Donneau de Visé ait participé à la querelle de L’Ecole des femmes parmi les opposants de Molière. La création de la pièce a donnée lieu à une cabale, comme tant de pièces de l’époque : Quinault a « volé » le sujet de la pièce que Donneau de Visé écrivait, et a réussi à monter avant lui l’oeuvre à l’Hôtel de Bourgogne. C’était une mésaventure courante à l’époque, l’exemple le plus connu étant les deux Bérénice, de Corneille et Racine. La concurrence faisait rage avec trois troupes rivales permanentes à Paris, et tous les coups étaient permis pour attirer le public.



Il s’agit d’une « petite pièce » en un acte, type d’oeuvre donné en complément d’une pièce en cinq actes. Le succès des petites pièces de Molière, tout particulièrement des Précieuses ridicules, a fait que les théâtres parisiens ont pris l’habitude de compléter leur programme avec ces petites pièces comiques, cela finira par devenir incontournable.



L’argument est fort simple. Le mari de Miris trépasse dans la première scène, et elle se retrouve veuve. En plus, comme le couple n’a pas eu d’enfants, l’héritage du mari doit aller à un neveu, et Miris risque de se retrouver sans le sou. Sa sœur et la servante lui conseillent de mettre habilement de côté quelques objets de valeur. Mais fort heureusement, le dit neveu a été un soupirant de la jeune veuve, et soupire toujours pour elle. L’habile servante va réussir à décider les deux jeunes gens à faire un nouveau mariage.



C’est donc une sorte de comédie de mœurs, qui brocarde gentiment les femmes un peu légères, le goût de l’argent, les valets paresseux et prêt à voler un peu. La pièce dresse un tableau de la façon de vivre à l’époque, comment s’organise un décès par exemple, avec les histoires d’habits de deuil, d’héritage etc. C’est sans doute le principal intérêt de l’oeuvre maintenant, un aperçu de modes de vie à l’époque, sans doute plus réaliste que dans les pièces de Molière, par exemple. Le comique est léger, pas de bastonnade, ni d’allusions grivoises, nous sommes entre gens de bonne compagnie.



Mineur, mais pas déplaisant.
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