Cet hôtel, somme toute, je m'y faisais. Je m'y sentais moins coupé du monde que dans l'appartement de la rue Erlanger. Résidant à plein temps, j'avais ainsi loisir d'entendre tout le jour les sonores allées et venues, montées et descentes d'escalier, exclamations, interpellations tonitruantes et polyglottes et souvent imbibées des touristes à bas budget. Puis je pouvais écouter, la nuit, les cris et gémissements de leurs coïts affaiblis ou stimulés par les bières, plus faciles à comprendre que leurs énoncés, les bruits de copulation n'ayant pas besoin d'être traduits : ce sont partout à peu près les mêmes, tout le monde entend bien ce dont il s'agit, c'est une espèce d'espéranto qui n'aurait pas raté son coup.