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Citation de bibifoc22


Faut-il le dire ? Faut-il l’avouer ? Transplanté dans un pays du Nord, la vie me fut lourde et sans poésie ; sans poésie, je veux dire sans cette surprise qui fait qu’à chaque instant l’on découvre un aspect nouveau à ce qui est parfaitement monotone. Et moi, je découvrais un aspect monotone à ce qui était pour moi nouveau… Je me tournais vers ce qui pouvait le plus me rattacher à la nature : aux animaux qui passaient dans la rue (les chevaux et les chiens), aux arbres – il y en avait bien peu – enfin jusqu’aux plantes qui poussent derrière les vitrines des fleuristes. Quel étonnement le jour où je vis l’enseigne de l’un d’eux « Aux îles Borromées ! ». Vous imaginez comme dans cette ville au ciel sombre, aux pavés sales, aux maisons grises, cette enseigne pouvait détonner. Ce contraste m’éprouvait : je revoyais les trois îles que baigne le lac Majeur : l’île mère, l’île des pêcheurs, l’île de beauté, les palmiers, les orangers, les citronniers et les arbres de toutes sortes qui les couronnent. C’était une vision de paradis terrestre… Le ciel s’ouvrait pour moi, qui étais dans les limbes. Je respirais l’air chargé des fleurs de mimosas, de glycines et de roses, cet air trop lourd dans lequel volent les pigeons et les colombes d’Isola Bella. J’éprouvais ce bonheur physique dont tous les hommes aujourd’hui disent qu’ils ont honte, et qu’ils cherchent pourtant à s’assurer jusqu’en tuant les autres. Ce bonheur physique, qui figure pour ceux qui n’en peuvent connaître d’autres, l’équivalent du don, du génie et de la grâce : quelque chose de naturel et d’irrésistible.
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