Jean-Jacques Marimbert

Départ et non pas Depart comme l'écrit obstinément la base de Babelio, sans correction possible.



Départ de Tanger, juin 1961. le rapatriement d'une famille vers la France.



Fait par la main de l'auteur, le frontispice est repris en petites unités déconstruites au bas des pages, comme les motifs d'un tapis déchiré…



Autre empreinte remarquable : la lumière de là-bas. Ceux qui ont habité, sont nés dans ces régions du Sud, en gardent sur la peau le souvenir brûlant, qui est impérissable. Cette bonne et belle lumière du pays d'enfance, façonnée d'or et d'ombres, traverse tout le livre. J'ai pensé à Camus, à « L'Envers et l'Endroit », à cette lumière algérienne vécue comme une richesse pour lui.

Et puis… les bruits, un certain trafic, certaines odeurs… tout ça typique, qui ne saurait venir d'ailleurs.



Le sentiment de perte nous accompagne tout au long de la lecture. C'est celui éprouvé par l'enfant que nous étions, quand dans nos jeunes années étions déjà porteurs de nos deuils à venir et des nombreux départs qui jalonneront la vie.

La figure emblématique du départ, donnée par le paquebot, symbole omniprésent de la perte et du commencement, avec sa coque énorme et entourée de gouffres, glissant inexorablement vers la séparation… d'avec la famille, d'avec l'enfance, d'avec le pays…mêle au bouillonnement de l'eau les sentiments contradictoires d'excitation et de peine, de curiosité et de peur, d'élan et de retenue…

Tout ceci se mêlant donne au livre une grâce, une sorte de cruelle douceur, de chagrin contenu.

À lire comme un poème.



« Et puis sur quoi, sur qui pleureraient-ils ? Sur eux-mêmes ? Sur le Maroc ? Sur tout ? Et puis quoi encore ! Ce serait bien trop, bien trop peu.



Gouffre au bord duquel ils se tiennent, que le paquebot est censé leur faire franchir mollement. »

Suite aux oreillons, Camille est devenu sourd très jeune. A l'âge de neuf ans, il arrive maintenant à mieux gérer ses crises et à s'adapter aux contraintes de l'école.



Sa passion est sa collection de papillons qu'il garde sous verre et qu'il admire longuement. Chaque nouveau spécimen est l'occasion d'un moment de joie. Tel un rituel, il l'amène ensuite en classe pour le montrer.



Il faut dire que c'est son père qui souvent les lui envoie des pays où il travaille.



Pourtant, par moment, tout lui redevient insupportable. Alors qu'il a réussi, à grande peine, à convaincre sa mère d'accepter qu'il se rende seul, en bus, à l'école, un incident avec le dernier lépidoptère reçu, l'amène à fuguer...



Le thème de l'enfermement des sourds en eux-mêmes en raison de leur handicap est dans ce récit joliment lié à celui de la beauté et de la légèreté des papillons. Il est question d'envol, de quitter la chrysalide du jeune enfant mais aussi du handicap afin de mener une vie plus autonome.



Le point de vue de la mère ainsi que la description du désarroi de sa camarade de classe, donnent un aperçu émouvant de la difficulté pour les proches de vivre et de s'adapter aux besoins spécifiques d"une enfant sourd.



De façon plus générale, tel un papillon, Camille paraît fragile et fort à la fois. Un joli texte court mais dense avec une très jolie couverture et des illustrations signées Sibylle Delacroix, qui en adoptant un trait parfois flottant se mêle avec harmonie au texte.


Lien : http://www.nouveautes-jeunes..

Hubert le chameau vit heureux avec son maître, Abdoulaï, dans le désert. Mais quelque chose le chiffonne : autour de lui certains disent qu'il n'est pas un vrai chameau. Alors il s'inquiète, veut en avoir le coeur net, enquête et voyage pour comprendre qui il est.



Un très bel album au texte simple et profond, intelligent, plein de tendresse et d'humour qui nous raconte le parcours initiatique d'un être qui est en quête de son identité. Une fois sa quête aboutie, il pourra rencontrer l'Autre dans sa différence. Le dessin est vif et coloré, très amusant et les animaux ont tous des têtes extraordinaires, que ce soit le chien, le singe ou le chameau !



Ce très beau livre de Jean-Jacques Marimbert et Déborah Pinto est paru au Seuil jeunesse en 2011 et il s'adresse aux enfants à partir de 4 ans (mais les adultes le liront aussi avec grand plaisir).

Pendant l'un de ses voyages, le papa de Camille lui envoie un joli papillon, un animal qui fascine Camille depuis qu'il est petit. Il est tellement heureux qu'il refuse de s'en séparer, même pour faire des courses avec sa maman. Seulement, quelqu'un essaye de le lui voler.. un attentat raté mais qui perturbera beaucoup le petit garçon qui décide de partir de chez lui. Quand on n'a que neuf ans et qu'on est sourd, il suffit de peu pour faire voler en éclat sa confiance..





Les ailes de Camille est un tout petit roman d'une cinquantaine de pages, une cinquantaine de pages qui suffisent largement à envoyer une grosse bouffée d'émotions: de la tristesse mais de l'espoir aussi, au final.



Camille a neuf ans et vit difficilement son handicap. Il est sujet à la colère et en veut souvent à sa mère de ne pas le comprendre. Quand on essaye de lui voler ce cadeau auquel il tient tant, il est complètement anéanti, il en veut à la terre entière pour cette injustice. Il déteste ce qu'il est et la manière dont les autres le traitent.. alors il part, quitte à briser le cœur de sa maman. Son voyage sera de très courte durée mais lui rendra espoir.



Le roman est un peu difficile à comprendre au début. On est dans la tête de Camille et c'est parfois compliqué de comprendre de quoi il parle. Son univers est mystérieux et presque onirique par moment, il rêve d'ailleurs, d'un monde plus heureux où il pourrait être libre, où il pourrait être comme les autres. J'ai été très touchée par ce bout de chou, très émue aussi par sa colère. C'est véritablement un roman à offrir aux plus jeunes (l'éditeur le conseille à partir de huit ans) pour essayer de leur faire comprendre ce qu'on peut ressentir en étant différent.
Lien : http://mamantitou.blogspot.b..

J'ai lu plusieurs livres pour enfants sur les sourds pour un dossier que je devais faire pour les cours.

Ce court roman pour enfant raconte une période de la vie de Camille, petit garçon de neuf ans, qui se sent à part, différent à cause de son handicap malgré le soutien de ses parents. Après quelques péripéties, Camille trouvera sa voie grâce à sa sensibilité et sa passion pour les papillons.

Marqué par les oreillons, Camille est devenu sourd tout jeune. A neuf ans, prisonnier de son handicap, il doit batailler pour un peu de liberté : rentrer seul de l'école, discuter avec sa mère sans frôler la caricature, s'arrêter à la boulangerie pour un malabar, ...



Luttant à chaque instant pour trouver sa place, Camille est en colère : à l'école, à la maison, dans la rue. Quand il reçoit un papillon africain de son père en voyage, Camille est aux anges, lui qui, depuis toujours, s'est pris d'affection pour ces insectes. Aussi, lorsque la vie lui semble particulièrement injuste, Camille a des envies d'ailleurs...



Les ailes de Camille est un roman court qui traite d'un sujet grave et sensible : l'intégration des personnes handicapées et la sensation d'emprisonnement qu'éprouvent ces personnes en raison de leur différence.



Le personnage de Camille est à fleur de peau, révolté : il se sent incompris, perdu. Un sentiment qui décuple son handicap... L'auteur montre également la difficulté des personnes qui l'entourent et cherchent à bien faire : les parents, les enseignants, les amis. Eux aussi se trouvent dans une position difficile.





Le texte, tout en délicatesse, dépeint parfaitement le désarroi des uns et des autres, ainsi que la recherche de paix de Camille. Les illustrations au crayon de Sybille Delacroix s'accordent bien à la sensibilité du récit. Les papillons amènent une part de rêve dans le quotidien parfois difficile du petit garçon, une échappatoire bienvenue. Un très joli roman entre poésie et réalisme, une indispensable sensibilisation à la différence !
Lien : http://nahe-lit.blogspot.be/..

ANIMOTS- Jean-Jacques Marimbert. Genre : poésie. Couverture couleur et illustrations intérieures en noir et blanc d’Etienne Lodého. Collection Pleine Lune. Format 14 cm x 20 cm. 110 pages imprimées sur papier bouffant

90 gr et Gmund Kaschmir blanc 250 gr. ISBN 978-2-930607-29-0. 15 €.





Le livre : Extrait :

Un chien



Un chien cul pelé

poil mité suit

de près un nuage

s'en va flairer

trottinant queue

vrillée une flaque

de lumière au pied

du chêne tombé

trou béant terre

noire et huileuse.



Il grogne oreilles

pointées mord le

vent et la pluie

les yeux soudain

crevés par un

os décharné

sucé depuis des

lunes par le suc

des racines le

silence de l'oubli.



Les auteurs :

Jean-Jacques Marimbert est né au Maroc au milieu du XXe siècle. Médecin à l’hôpital de 1977 à 1982, dans la région toulousaine, il enseigne la philosophie (1984) à l’Université de Toulouse 2 Jean-Jaurès depuis 2001. Écrit et publie depuis une vingtaine d’années (nouvelles, romans, récits, fictions poétiques, essais, littérature pour la jeunesse).

Étienne Lodého, peintre-graveur, est né à Lisieux en 1953. Il a étudié aux Arts-Appliqués de Sèvres et à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris. Il expose depuis 1975. On peut découvrir son travail sur www.etienne-lodeho.fr

J'aime bien ce livre parcequ'il parle de papillons et d'un garçon sourd qui est comme un papillon. ce livre est triste mais très bien.

Hubert est un chameau qui vit une paisible existence au bord d’une mer de sable qu’il traverse quotidiennement avec son maître Abdoulaï. Mais voilà qu’un jour, un touriste mal luné va accuser notre ami de ne pas être un vrai chameau… Cette drôle de révélation va plonger Hubert dans une sérieuse crise d’identité. Sur les conseils de quelques amis, il décide de partir pour un long voyage afin d’éclaircir ce mystère. La réponse est-elle de l’autre côté de la dune ? Dans cette fable ensoleillée, Jean-Jacques Marimbert s’amuse avec les mots et joue avec l’éternelle confusion sur la morphologie des chameaux et des dromadaires. De son côté, Deborah Pinto accompagne cette traversée du désert d’illustrations colorées et réjouissantes qui égayent ce sympathique album.