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Citation de genou


Dix ans plus tard, en 1960, quand j’entrai à la N.R.F. de Jean Paulhan avec «Le lait de taupes», me plut l’impression que c’était en roulant une brouette de fumier ou de betteraves, de fagots. Il s’agissait de fiction, très enracinée dans la boue mayennaise. Mais peu à peu s’est mis à lever la tentation de raconter d’une façon directe, et parallèle, la vie rurale. Séquelle sans doute d’un intérêt qui m’avait orienté vers l’ethnologie (même si en peu de mois cette science fut abandonnée pour suivre André Leroi-Gourhan sur le terrain de la préhistoire qu’il préférait alors et que ses cours me firent découvrir, puis la préhistoire abandonnée à son tour pour l’écriture), mais subite constatation, aussi, que la vie rurale que j’aimais tant était mortelle : dans les années 50 les chevaux percherons de la Mayenne cédèrent rapidement leur place sur les fermes aux tracteurs. Ensuite, dans les années 60, nous avons vu, après les sabotiers et les cordonniers, disparaître encore d’autres artisanats : bourrelier, maréchal, charron, parce qu’ils dépendaient des chevaux. Dans des ateliers destinés à fermer ou chez les brocanteurs qui entassaient dans leur hangar au sol de terre un bric-à-brac venu des fermes, j’ai choisi et acquis, adopté, des objets qui déjà devenaient des souvenirs. Cette force, cette sagesse, cette longue tradition, furent alors ressenties comme fragilité.
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