Jean-Marcel Humbert

« À mesure que mes yeux s'accoutumaient à la faible luminosité, des formes se dessinèrent lentement dans l'obscurité de la pièce, d'étranges animaux, des statues et de l'or – partout le scintillement de l'or. » (Howard Carter)



En 1922, en Europe et en Amérique, depuis la découverte de la tombe de Toutânkhamon dans la Vallée des Rois, tout le monde ou presque a les yeux de Chimène pour l'Egypte ancienne. L'Art déco alors en vogue va intégrer cette vague d'égyptomanie qui s'abat sur les arts et la vie quotidienne des bourgeois et comme des ouvriers. Architecture, Arts décoratifs, mode, joaillerie, littérature, petits objets du quotidien, et bien sûr cinéma, partout la grammaire de l'ornement pose sa griffe. Faune, flore, bestiaire, divinités, pyramides… les Années Folles sont folles des Sphinx, des cartouches, des Ibis et d'Horus. Au cinéma, Claudette Colbert triomphe dans le Cléopâtre de Cecil B. DeMille. A New-York, Tiffany créé de magnifiques bijoux sertis de lapis-lazuli, de turquoise , d'ambre et d'or. A Paris, Gallé imagine des vases à décor de lotus. Les élégantes se parent de robes drapées dessinées par Madeleine Vionnet, et se parfument avec La Vallée des rois de L.T. Piver, dont le flacon est dessiné par Baccarat. Les plus modestes peuvent aussi posséder un morceau de cette Egypte fantasmée, grâce au savon Palmolive et aux cigarettes Egyptian Deities.



Cette ferveur , souvent mercantile et un peu excessive, n'a certes plus grand chose à voir avec l'Egypte antique, mais qu'importe. Les objets, les gratte-ciels, les bijoux, les vêtements sont souvent très beaux, et emblématiques du style Art Déco car ils ont su intégrer des courbes et des angles vifs, des matériaux tels l'acajou, le palissandre, ou l'amarante, des couleurs métalliques comme l'or et le chrome…

Jean-Marcel Humbert. égyptologue et historien, nous offre avec ce très bel ouvrage un voyage grandiose dans un Occident frappé par une « tut-mania » protéiforme.



«Alors, vous voyez quelque chose ?»

«Oui, des merveilles !»

Je remercie Babelio et les éditions Libel pour l’envoi de ce livre.



Je dois avouer qu’avant de commencer ma lecture, j’ignorais que l’égyptomanie était un sujet d’étude et je me figurais qu’il s’agissait d’un simple jeu de mots. Le texte introductif de Jean-Marcel Humbert, conservateur et passionné dont la collection est à l’honneur, a éclairé ma lanterne à ce sujet. J’ai ainsi découvert que l’égyptomanie est bien antérieure à l’égyptologie que l’on fait naître à la lecture des hiéroglyphes par Champollion. Je n’avais jamais réfléchi au sujet, mais il m’apparait désormais évident que l’Égypte, ou du moins la représentation que l’on s’en fait, est très présente dans notre quotidien et dans notre univers culturel et pictural.



Egyptomania a pour objectif de présenter l’exposition du même nom que l’on peut aller voir jusqu’au mois de novembre au musée du Dauphinois à Grenoble. Les pages en papier glacé mettent très bien en avant les nombreuses photographies des objets exposés qui concluent chaque chapitre. L’éditeur propose de feuilleter les premières pages du livre (https://issuu.com/libel/docs/egyptomania_extrait-libel).



J’ai apprécié le fait que le sujet brasse un grand nombre de supports et évoque une grande variété d’objets qui vont de l’affiche de film au cendrier en passant par la jardinière et la bouteille de whisky. Il n’y a ici aucun snobisme intellectuel et les auteurs évoquent tour à tour les hiéroglyphes et Walk Like an Egyptian des Bangles.



Il ne faut pas s’attendre à ce qu’Égyptomania insiste sur les raisons de la fascination que l’homme a pu avoir pour l’Égypte au fil du temps, car son but premier est de mettre en avant une collection. Il s’agit donc bien plus de mettre en lumière les résultats et les produits de cet engouement. Cela m’a parfois donné l’impression que les textes tenaient plus de l’énumération que de l’analyse et je regrette la présence d’un grand nombre de notes (qui ne gênent cependant pas la lecture puisqu’elles sont accumulées à la fin de chaque chapitre).



Ce beau-livre a été pour moi l’occasion de découvrir un champ universitaire qui m’était inconnu et il ne fait aucun doute qu’à l’avenir, j’ouvrirai l’œil lorsque je me tiendrai face à un objet aux airs égyptiens.
Lien : https://monrockingchair.word..

L’égyptomanie est un sujet fascinant qui a inspiré de nombreux livres et expositions au fil des ans. Les livres sur ce thème offrent souvent une plongée captivante dans l’influence de l’Égypte ancienne sur l’art, la culture et l’imagination collective.



Ce catalogue de l’exposition du musée Dauphinois Egyptomania est une excellente ressource pour explorer ce phénomène. Il offre une vue d’ensemble complète de l’impact de l’Égypte ancienne sur l’art et la société à travers différentes époques et régions du monde.



Richesse des informations : très détaillé il regorge d’informations précieuses sur les objets exposés, leur contexte historique et leur signification culturelle. Cela permet de mieux comprendre l’influence de l’Égypte ancienne sur différentes civilisations et périodes de l’histoire dont récente

Images de belle qualité, permettant de profiter pleinement de la beauté et de la diversité des objets exposés. Les photographies et les illustrations soignées donnent vie aux artefacts et aux œuvres d’art, offrant une expérience visuelle agréable. Ouvrage intéressant et permettant de passer un agréable moment, enrichissant !

Égyptomania retrace l'évolution des inspirations tirées de l'Égypte antique.



A travers ses pages, venez découvrir des objets insolites dont les formes, les coups de pinceaux ou les couleurs évoquent inévitablement l'époque faste des pharaons. Vous y trouverez des rappels historiques sur Champollion ou la découverte de la tombe de Toutankhamon, ainsi que des informations sur l'égyptomania au sens large.



Peut-être que ce livre a plus à gagner en visitant l'exposition qui va avec mais c'est une lecture intéressante qui marque un point important : l'Égypte n'a pas fini de fasciner les artistes et l'individu lambda.



Merci à Babélio et aux éditions Libel pour l'envoi.