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Citations de Jean-Marie Barnaud (174)


Sur moi s’écoulent



Sur moi s’écoulent le velours du vent
L’écume de l’herbe
[…]

Je suis la pierre

Dit la pierre
Et le poète se recueille
Dans la pulpe du mot
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Dire le monde



Tu ne sais comment nommer cet écheveau
des antennes des fils des tuyaux
luisant sur le vernis des ardoises
Le tout proche se dédouble
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Comme les plus aguerris approchaient



Comme les plus aguerris approchaient
haletants
ils voyaient à travers les fenêtres
monter de salle en salle
la brume de mer
et dans les éclaircies
la rive blanche
le bleu marin
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PASSAGE DE L’ÉTRANGER




«  IL me rend de plus en plus souvent visite
L’étranger
Il s’agite dans le sang plus rare
et timide
de l’âge
Je n’entends plus sa voix
ne distingue plus son visage
Tous reflets perdus à jamais

Je ne sais de lui
que ses gestes ses courses vives
et toujours neuves
elles le suffoquent
le jettent à terre
ébloui
dans la solitude des prés


Avec au- dessus de lui
vide et serein
le ciel
et de grands arbres aux feuilles d’argent
qui frémissent



Quelle spirale invente
la boucle du temps
quel retour ?
c’est peut - être la fin
qui s’annonce


Et lui l’enfant rieur
qui me précède
et tourne en vrille sur la place
comme un derviche étourdi dans sa transe
s’est - il jamais enquis de ces choses
quand mille échardes l’ont blessé » .
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JOURS DE VERTIGE



«  Quelqu’un dit :
Vraiment
Ces poèmes affichent bien du bleu
Bleu du ciel bleu des yeux
Et d’autres clichés fades
De quoi faire rougir le réel
Et manquer la vérité
La vérité discrète
Que la violence des mots
Effarouche


Visages changeants du ciel
Occultations des yeux :
Ils n’en demandent pas tant
Ils sont là
Simplement » …
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«  Il pleut ce matin
L’eau glisse sur les fleurs de l’amandier
Elle sonde le silence
Rien ne fait signe encore
que cette palpation liquide

On voudrait s’accorder à cette grâce
Les doigts frémissent
à l’idée de traquer sur la plage
l’élan et la surprise
s’il est vrai que la poésie
soit fille de telle course


Mais les cavales de Parménide
font défaut
et le cocher aurait peine à se hisser
sur le char
à passer le porche
et à lancer ses chevaux
Sur les Chemins de la Nuit et du Jour
Il laisserait plutôt flotter les rênes
sur la croupe de ses bêtes



Bientôt les néons
Les vitrines
et les phares
effaceront cette lumière
Venue d’ailleurs
dispersant dans le ciel déserté
les mirages
et les jeunes filles aux cheveux dénoués
qui escortaient le chat de Parménide
et le guidaient vers la déesse

Il faudra faire retour
au proche
aimer voir s’avancer au sol
la seule lumière du jour
et son cortège d’ombres »
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«  Ce matin
J’entends à deux cents mètres de ma feuille
la basse rumeur d’un engin de chantier
On élève là - bas un mur d’enceinte
ceux qui le construisent
répètent les gestes justes
et beaux
D’ Yvan Denissovitch


Ici à la table
le travail ne fait aucun bruit
Seul le soleil
qui tend la main par la fenêtre
collabore

Quels mots
qui ne mentiraient pas
quels mots sans trafic
ouverts à tous
offriraient au poème
un abri
où déposer un temps
son cœur fugace
ses mains déliées » …
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MOTS DE SABLE


Joyeux et docile et courant à sa perte , le sable coule par toutes les jointures entre les doigts d’un poing fermé. Puis la main s’ouvre. La paume lisse le sol, efface les rides et palpe la chaleur .


Voici maintenant deux mains offertes : elles recueillent le sable, le présentent au ciel , et laissent filer au vent du large ce ruisseau où la lumière fait la folle.


Quelqu’un derrière voit- il le ciel s’assombrir ? .


C’est très loin plus tard , au - delà des jeux et des cavalcades , des culbutes et des rires, plus forte que les plaintes qui viendront après les cris d’amour , l’innocence d’un ultime soupir » .
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LE DON DE LOMBRE

«  Au soir
sur le pas de la porte
l ´odeur de l’herbe coupée
Et quelque chose en vous
venu de l’ombre
crie victoire
( longtemps après
le souffle court
on tremble encore )

Le guetteur immobile
voudrait serrer
entre ses mains trop étroites
ce feu - là

On entend derrière soi dans la salle
les voix du temps présent
voix de la nécessité
et plus loin la basse rumeur des machines
avec l’éclat spasmodique des écrans
contre les murs

La fraîcheur gagne il faudrait fermer la porte

Qu’à donc éveillé si fort
l’herbe
que le corps en premier
a cru à sa chance

Un moment encore
on reste sur le seuil
à respirer
tenant là se dit - on
contre les jours en désordre
un viatique » ..
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Un peu de nuit déjà morcelle
Le beau temps qu'il fait
Un peu de nuit sur l'eau
Comme une haleine
C'est peu de poids qui pèse là
Moins qu'un sourire
On attend simplement qu'un souffle
Vienne de plus loin
Et que la barque évite

(extrait de "Celle qu'on attendait", 1990) - p. 88
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On avait fait son miel
Jusqu'alors
De la mélancolie
La vieille lune traîne ses fripes
Un peu partout
On pouvait se croire sauf
Le poème déroulé
Pour solde de tout compte

La litanie grise
On l'a jouée sur la corde sensible
Tant de fois

Mais l'on sait bien
Depuis toutes ces années
Où l'on s'est débattu dans le chiffre
Et la mesure
Qu'il faut un jour abandonner
Ouvrir ses paumes
Se laisser prendre
Au tremblé
Qui passe là
Sous peine d'en mourir
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Ils sont ainsi les morts
légers et fidèles
Ne pèsent rien
moins que l'air que tu respires
moins que les mots qui se souviennent

Eux ne parlent pas
pas plus que la lumière ou l'ombre

Ne pèsent rien
moins qu'une aile

Le poids juste de l'âme
sourire et geste d'effacement
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Fermant tes paupières
N'appelle plus les visages absents
Mais plonge tes deux mains
Dans la fraîcheur à ciel ouvert

Arc-bouté sur toutes les margelles
Tire
À pierre fendre
Sur les chaînes
Et fais tinter l'eau vive
Par ici

( Dans "Le beau temps", 1985 )
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L’HOMME PRÉCAIRE
«  C’est comme s’il n’avait rien appris
emporté par l’élan d’une course
infiniment ouverte
les bras en croix
comme pour mimer l’envol


Et maintenant
pense t - il
que mon poème coure tout seul
devant moi
et de son seul élan
avec l’aisance d’une danseuse
ou d’un gymnaste
dont les courbes
réinventent l’équilibre
et engendrent la joie

Fidélité à l’enfant
aux petits grains de lumière
au bleu rieur



Oui à l’âme occupée à ses rêves
à ses jeux inventés
à rien
les yeux simplement happés
par les formes et les couleurs » ….

Jamais en repos
ce corps là
sauf à reprendre son souffle
Rêvant d’être un jour
à soi
tout entier
parmi les mots enchevêtrés des autres
Héritier de sa propre histoire ….. 


Et pardon pour le vieil homme
que je suis devenu
et qui tombe si souvent
de son perchoir » ….
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PASSAGE DU LORIOT
«  Où court la vieillesse
sur ce chemin du rêve
qui descend à la rivière




Tu le demandes aux témoins :
aux larges feuilles du figuier
que le printemps a ouvertes
comme des mains
aux pierres qui s’écoulent sous tes pas
aux grands oiseaux
qui vont vers les pays les beaux
les autres


Tu n’as plus confiance dans l’âme
qui te porte
ce corps froissé qui peine à suivre


Mères
la fatigue nous tient la dragée haute
Voyez qui nous sommes devenus
sous le même ciel
dans presque les mêmes lieux
Et montrez- nous comment descendre
la piste sans garder à l’âme
on ne sait quelle aigreur…. »
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SABLE ET SANG


«  Grand vent du sud cette nuit
Ce corps violent et chaud
passe comme un fou
et courbe jusqu’à nous
les arbres
On l’entend monter de loin
tenant dans ses plis
sous les étoiles vives
l’ombre bien serrée

( si fort est ce vent
qu’il disperse sa charge
jusqu’aux Alpes
On dit là - haut que la pluie
saigne
et que la neige est tachée
de sang )

Le silence du matin réveille
la terre
Dehors
sur la terrasse
la table verte du jardin
a pris la teinte ocre du sable




Voici doucement notre prière :
nos mains en coupe
recueillent cette manne
qu’on ajoutera dans le flacon
à celle d’autres années » ….
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SUR LA TERRE GELÉE

CE matin le froid est coupant
Le givre a blanchi l’herbe
L’air est amical qui montre nue
La terre rude et dense
Où le pas est sûr et résonne


Je monte jusqu’au bassin gelé
Là- haut je rêve longtemps dans le froid
Devant la glace
Elle tient entre ses mains
Comme une offrande
Le souvenir des glissades des enfants hardis
Leurs cris de peur et de joie


Dans l’espace qui s’ouvre aux lointains
Montent les petites fumées des jardins
Le soleil levant rosit les pierres de la ville
À l’horizon
Et fait vibrer les vitres des façades

Un temps long envahit la distance
Et porte sa beauté comme une victoire
C’est le temps d’une vie qui se cherche encore
Courbée sous les menaces
Mais riant aux joies qui se donnent
Il puise ses raisons dans ces traces
Friables comme la glace du petit matin



Une brise monte maintenant d’en bas
Elle apporte une voix de femme qui appelle
Et dit mon nom
Cette voix traverse l’espace clair
Elle est elle - même un paysage
Où se rassemblent tant d’années
Dont elle
Qui demeure
Dénoue les fils » …..
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DANS LE VENT
«  C’est l’entrée de l’hiver
Devant la fenêtre fermée
l’allée
couverte de feuilles brunes
que le vent bouscule
Elles s’amoncellent sur les bords
et se dispersent sous les rafales
comme un vol d’étourneaux
D’ici on ne les entend pas griffer le sol

C’est comme dans un rêve
où passent des présences
si vives et certaines
qu’on tendrait la main pour les saisir
et sentir une fois encore
leur chaleur

La voici qui marche maintenant
sur cette allée
déhanchée par le panier de linge
qu’elle tient serré à son côté
Et c’est avec elle la jeunesse qui passe
accomplie dans la grâce des gestes simples

On voudrait héler la passante
et lui dire :
Que la joie soit toujours avec toi !
mais la fenêtre est fermée
et l’adresse pompeuse
Alors on toque de l’ongle sur la vitre
mais elle n’entend pas avec ce vent
qui fraîchit …… »
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ORIGINE DU POÉME


«  Les premiers mots
viennent d’un cœur absent
Peut- être d’une grande infortune
ou d’une clarté insoupçonnée
et l’on se tient fébrile
au bord de soi


Forêts Mers Ciels de nuit
Foules :
On saisit au vol
ces espaces rêvés
croyant saluer l’étrangeté
qu’on sent guetter
aux marges

Mais très vite on est pauvre
devant ce qui vient
qui appelle
et se dérobe » …..
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Passe l'écureuil,

ce risque-tout.

"Et celui-là,

soupire le chien,

où sont ses ailes"
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