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Citation de nadejda


Chamfort, chapitre V : Les noyés de l'histoire
Quand la Révolution éclate, il la croit faite pour lui. Il la courtise et la caresse. Elle le nomme conservateur de la Bibliothèque nationale. Mais il y a dans sa nature une infidélité et une ingratitude qui le poussent toujours à mordre ses bienfaiteurs. Oubliant que le monde a changé, il continue à décocher ses épigrammes : venu d'une époque où les mots faisaient rire, il ne peut concevoir qu'ils puissent aussi vous faire tuer. Il est emprisonné, relâché. La menace d'une nouvelle arrestation est insupportable à cet homme qui a chéri plus que tout la liberté, même s'il l'a aimée à sa manière en amant volage et dissipé. Il décide de se supprimer. Il y met tout l'acharnement qu'il avait mis à vivre : il charge un pistolet, veut tirer sur son front, se fracasse le haut du nez et s'enfonce l'œil droit. Il saisit un rasoir et se taille la gorge. Il se porte sans plus de succès plusieurs coups vers le cœur. Enfin il se coupe les deux jarrets et s'ouvre plusieurs veines. « Le sang coulait à flots sous la porte », dira son ami Ginguené. Il expirera, après de terribles souffrances, six mois plus tard. Les blessures de Chamfort sont toujours ouvertes : le sang qui s'en échappe, c'est celui de tous ces écrivains, épris d'idéal, qui ont été broyés par le nouveau monde qu'ils avaient appelé de leurs vœux.
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