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Nationalité : France
Né(e) à : Boulogne-Billancourt , le 10 mai 1963
Biographie :

Parisien, avec des attaches aussi bien à Pont-Sainte-Maxence que dans la région lémanique, amoureux du XVIIIe siècle, Jean-Michel Blengino exerce son activité professionnelle dans le secteur de l’édition. "Guerre et Lettres", qui ouvre ces "Mémoires imaginaires de Charles Villette, député à la Convention nationale", est le premier roman qu’il publie sous son nom.

Suivront très bientôt "Un philosophe de comédie" et "Le Gendre de Voltaire", les deuxième et troisième tomes de cette trilogie.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Jean-Michel Blengino
Voltaire ouvrit un tiroir, et en sortit un petit livre au format in octavo. Je le pris en main, et l’ouvris. Il n’y avait pas de nom d’auteur, et sous le frontispice il était écrit qu’il avait été imprimé à Londres. Je m’en étonnai.
– Il sort des presses des frères Cramer, ici à Genève. L’auteur aura pris quelques précautions, pour ne point s’exposer lui-même, comme ses imprimeurs, aux yeux des pasteurs. Un peu comme à Paris on est à Édimbourg, car une bonne partie de ce qui s’imprime dans la capitale du royaume prétend l’avoir été sous les froids climats de l’Écosse. M. le duc de Choiseul soutient que cet auteur est le vieillard qui vous parle. C’est là folie.
– Qui vous connaît ne le saurait croire, monsieur, dis-je.
Je gage qu’un large sourire devait s’être dessiné sur mes lèvres.
– Bref, on y trouve quelques idées – que je ne dis point approuver – qui peuvent déranger. Tenez. Si vous allez à la page où l’on parle de Notre Seigneur Jésus-Christ, vous y lirez que Flavius Josèphe, dans ses Antiquités juives, et vous l’aurez vous-même relevé, ainsi que je l’ai fait moi-même, lorsque j’étais à Louis-le-Grand, ne parle jamais d’un juif de ce nom, ni même d’un massacre d’enfants qui aurait été perpétré sur l’ordre d’Hérode le Grand, alors qu’il ne passe sous silence aucun des autres méfaits de ce roi. Et n’y aurait-il pas aussi, dit l’auteur, quelque monstruosité à vouloir à toute force faire incarner la divinité dans un corps périssable, un peu à la manière des païens qui voulaient inébranlablement faire admettre des mortels parmi les dieux ?
– Une telle argumentation se peut concevoir, monsieur.
– Et la Sainte Trinité ne serait-elle point, toujours selon lui, un encouragement au polythéisme, si l’on doit considérer trois personnes distinctes dans la même essence divine ? Songez aussi, nous dit l’auteur de ce livre, que la religion catholique, apostolique et romaine est, de par tout son cérémonial et toutes ses doctrines, l’exact opposé de la religion de Jésus. Si nous devions être cohérents, il nous faudrait nous faire tous juifs, parce que Notre Sauveur est né, a vécu et est mort comme tel, et que les Évangiles nous disent explicitement que, ce faisant, il n’avait fait qu’accomplir l’Écriture, qui n’est autre que le livre sacré de la religion juive. Alors, pourquoi la religion catholique romaine est-elle la plus intolérante de toutes, elle qui a fait d’aussi grands autodafés de juifs et d’hérétiques ?
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Je toquai à la porte de la maison. Un concierge vint m’ouvrir. Je m’enquis du domicile de Barthe. Il me répondit que c’était au troisième étage. Je montai l’escalier, suivi de mes témoins, et frappai le battant. Je demandai Barthe au laquais qui vint m’ouvrir. Celui-ci me répondit que son maître, qui ne se sentait pas bien, était descendu chez M. Solier, un médecin qui habitait au premier étage de la même maison. Nous redescendîmes tous trois, cognâmes chez ce M. Solier, qui nous ouvrit. Je me présentai et priai l’homme de nous conduire auprès de Barthe.

– Il n’y est point, nous dit le médecin. Mais que lui veut monsieur le marquis?

La surprise me fit bafouiller ; je parvins tant bien que mal à lui expliquer les raisons de ma visite.

– C’est qu’il doit y avoir un duel entre nous ce matin. Voici mes témoins ; je viens le chercher.

– Vous ne savez donc pas, monsieur le marquis, que M. Barthe est fou ? C’est moi qui le traite, et vous allez en voir la preuve.

Il y avait là, par un étrange concours de circonstances, des crocheteurs, prêts à intervenir. Il nous emboîtèrent le pas. Nous montâmes, frappâmes. Point de réponse. Solier fit ouvrir la porte. Le laquais à qui j’avais parlé à l’instant semblait s’être envolé, comme par magie. Nous visitâmes toutes les pièces du logis, trouvâmes la chambre, où il paraissait n’y avoir personne ; on chercha à nouveau dans tout l’appartement, bousculant livres et manuscrits couverts d’une écriture serrée. Au bout d’un moment, M. Solier, comme par hasard, regarda sous le lit et y découvrit son malade.

– Quel acte de démence plus décidé ! s’exclama-t-il.

On tira un Barthe plus mort que vif de dessous le lit ; il s’enfuit aussitôt. Les crocheteurs l’attrapèrent avant qu’ils ne fût allé bien loin et le fustigèrent avec vigueur, ainsi que l’esculape le leur demandait. Barthe hurlait affreusement. On apporta ensuite des seaux d’eau, dont on arrosa les plaies du pauvre diable. Puis on l’essuya, le recoucha. Je n’en croyais pas mes yeux, pas plus que mon beau-frère et M. de Bélâbre. Nous avions tous trois peine à envisager que ce que nous voyions fût vrai, mais nous ne pûmes disconvenir que ce poète fût vraiment fou : nous nous en fûmes à la fin, plaignant le sort de ce malheureux. Je remerciai le voisin de Caperan, ainsi que mon beau-frère, d’avoir fait le déplacement.
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Un vieillard, un bonnet rouge enfoncé sur sa perruque de laine, faisait force gestes, pestant contre la mauvaise fortune et l’état des routes. Je lui donnai l’accolade et le recueillis, ainsi que Wagnière, dans ma voiture. Le cocher et le cuisinier Bardi devraient se débrouiller pour faire réparer celle de Mme Denis et acheminer vers la rue de Beaune tout le matériel qu’elle contenait.
Parvenus à la barrière de l’octroi, aux portes de Paris, les commis demandèrent si nous avions quelque chose dont la possession s’opposât aux ordres du roi.
– Ma foi, messieurs, leur répondit le Patriarche, je crois qu’il n’y a ici de contrebande que moi.
Wagnière et moi descendîmes alors pour faciliter aux préposés l’inspection de l’habitacle. Relevant la tête vers celui qui en était à présent le seul occupant, l’un d’eux s’écria :
– C’est, pardieu, M. de Voltaire !
Il tira par l’habit son collègue, qui était occupé à fouiller. Wagnière et moi fûmes pris de fou rire. Les deux hommes tinrent un court conciliabule, retirèrent avec respect leur tricorne, et celui qui paraissait être le chef, s’inclinant, dit :
– M. de Voltaire, continuez votre chemin.
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