Un vieillard, un bonnet rouge enfoncé sur sa perruque de laine, faisait force gestes, pestant contre la mauvaise fortune et l’état des routes. Je lui donnai l’accolade et le recueillis, ainsi que Wagnière, dans ma voiture. Le cocher et le cuisinier Bardi devraient se débrouiller pour faire réparer celle de Mme Denis et acheminer vers la rue de Beaune tout le matériel qu’elle contenait.
Parvenus à la barrière de l’octroi, aux portes de Paris, les commis demandèrent si nous avions quelque chose dont la possession s’opposât aux ordres du roi.
– Ma foi, messieurs, leur répondit le Patriarche, je crois qu’il n’y a ici de contrebande que moi.
Wagnière et moi descendîmes alors pour faciliter aux préposés l’inspection de l’habitacle. Relevant la tête vers celui qui en était à présent le seul occupant, l’un d’eux s’écria :
– C’est, pardieu, M. de Voltaire !
Il tira par l’habit son collègue, qui était occupé à fouiller. Wagnière et moi fûmes pris de fou rire. Les deux hommes tinrent un court conciliabule, retirèrent avec respect leur tricorne, et celui qui paraissait être le chef, s’inclinant, dit :
– M. de Voltaire, continuez votre chemin.