Ce livre est une belle découverte car le genre « mémoires imaginaires » est périlleux, mais l'auteur s'en sort brillamment. Il allie à une connaissance encyclopédique (sans jeu de mot) de la société du XVIIIe siècle une plume alerte et fluide, qui fait qu'on se prend au jeu de ces « vraies fausses » mémoires et on a vraiment l'impression de lire les souvenirs qu'aurait pu écrire Charles de Villette.
C'est que l'auteur déploie une belle érudition au service d'une connaissance approfondie de la vie du personnage et de son milieu. Dans la peau de Charles de Villette, on se promène dans le salon de Mme Geoffrin, on y dialogue avec D'Alembert, Marmontel,
Diderot et Melle Clairon, on le suit dans les batailles de la Guerre de Sept Ans, dont les mouvements de troupes sont décrits avec précision, on dîne avec
Voltaire… Ce sont ces chapitres que j'ai préférés.
Le « à la manière de » est bien réussi, notamment grâce à une langue souple et déliée, où on a plaisir à retrouver l'usage opportun du subjonctif !
Seul défaut à mes yeux, certaines parenthèses généalogiques sur des personnages parfois secondaires n'apportent rien : à prendre comme des clins d'oeil aux spécialistes.
Ouvrage historique solidement référencé, en même temps que roman d'une vie libertine traversant le Siècle des Lumières, ce livre n'intéressera pas seulement le passionné d'histoire.
On s'attache à ce Charles de Villette, auquel l'auteur, par souci de vérité historique, ne fait pourtant pas de cadeau.
J'attends le tome deux avec impatience.