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Citation de Charybde2


Rien n’est plus épouvantable que le repêchage en Seine de cadavres qui s’en vont à vau-l’eau couler des jours meilleurs dans un autre univers, gosses maltraités et incompris, filles engrossées et abandonnées, chômeurs inadaptables, follingues obsédés, tous ces types de roman-feuilleton qui ont la vogue des lectures populaires et dont le spectacle cramponne les badauds comme des insectes scatophiles sur des merdes neuves. Les pompiers ceinturés et casqués comme au-devant d’un cataclysme citadin battent doucement la flotte, tâtent le fond avec des perches, trempent et promènent des grappins, ancres à quatre pointes, horribles instruments de torture qui vous hérissent l’épiderme à leur seule vue, vous font souhaiter que les crochets ne se plantent pas dans la chair tuméfiée et ne la crèvent comme une baudruche. Les riverains depuis des heures guettent le moment où la masse blanche et molle montera vers la lumière, sera attachée par des cordes le long du bateau et traînée comme ça, flottant la tête haute, le ventre bombé faisant péter les derniers lambeaux du linge de corps, monstre marin asexué et terrifiant dont l’odeur pressentie est dégueulante… Mais il n’y a que cinq baraques de secours le long de la Seine, pour sept sur le canal. Et c’est bien compréhensible. Le nombre des suicides entre la Râpée et les Moulins de Pantin est bien plus élevé que dans la partie touristique du fleuve. Le décor est là pousse-au-crime.
Le Grand Canal est le plus horrible décor de la ville.
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