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Citation de Lencreuse


J’avais, à l’époque, la faiblesse de penser être un père disponible, présent, très proche d’eux. J’étais persuadé de les connaître intimement. De partager l’essentiel de leur vie. En réalité, ils voyaient en moi une sorte d’inadapté social, de collatéral perturbant, brouillant les repères, vivant sans horaires, ni projet, ni but, jouant les hommes de ménage, enchaînant les semaines de dimanches ou les voyages au long cours. Ce n’est que bien plus tard que j’ai compris que les enfants détestaient ce genre de flou excentrique, ces existences flottantes, ces personnages mal définis. Marie et Vincent voulaient un père normal, un type qui rentre et parte du bureau à heures fixes, suive le cours de leur vie scolaire, entretienne des contacts avec leurs professeurs, emmène de temps en temps la famille en week-end, et, l’été, la réunisse un mois au bord de la mer. La seule chose qu’espèraient mes enfants c’étaient quelques rampes solides, fiables, toujours placées au même endroit et auxquelles l’on puisse se raccrocher en cas de besoin. Au lieu de quoi, et à divers titres, leur mère et moi avions mis à leur disposition des balustrades molles, des appuis mouvants, des soutiens inconséquents, là un jour, disparus le lendemain. Sans même que je m’en aperçoive mes enfants s’étaient écartés de moi pour se rapprocher de la vie. Ils se trouvaient aujourd’hui de l’autre côté du fleuve. Sur la rive des gens sans histoire. Là où vivent les pères qui siègent dans les conseils de parents d’élèves.
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