Il est quatre heures du matin, je tourne dans la cuisine avec le porte-bébé en marquant bien le tempo avec mes pieds ; Grégoire s’est réveillé environ trois fois dans la nuit -la dernière fois, c’était il y a une heure et il n’est pas parvenu à se rendormir. Alors, j’ai fait ce qui marche à chaque fois. Porte-bébé, veilleuse dans la cuisine, et la seule chanson qui le calme -un chanteur à peine sorti de l’adolescence, avec une capuche sur la tête, qui bouge dans tous les sens et déchaîne l’hystérie des quatorze quinze ans. « Keep on trackin’me ». J’ai trente sept ans, je suis fatigué, je voudrais dormir, mais si je m’arrête de chanter et de danser, Grégoire se réveillera et se mettra à hurler -j’en ai déjà fait l’expérience.
Alors, je bouge dans la cuisine.
Allez, bouge -tourne- et chante.
Et n’oublie pas que dans quatre heures, il faudra aller au boulot.