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Citation de clairemarquez75


- N'empêche. De quoi tu te souviens, de toutes ces années?
- Tu veux dire, quand je me suis retrouvé tout seul?
- Oui. Et les mois qui ont suivi. »
J'hésite un moment parce que les premiers mots qui me viennent ne cadrent pas avec ce que n'importe quel interlocuteur attend.
De la joie. C'est ça, Laurent, de la joie. De la panique aussi, bien sûr. Des abimes de terreur et de détresse - un peu comme ceux que je viens de traverser. Mais avant tout, de la joie. Parce que j'étais vivant. Parce que j'avais échappé à la catastrophe. Parce que, de façon inexplicable, alors que je n'étais certainement pas le membre de la famille le mieux pour mener ma barque - mon frère, avec sa réussite dans les études commerciales et les salaires mirobolants qui se profilaient, avec ses succès amoureux et les ex inconsolables qu'il laissait derrière lui, semblait tout de même beaucoup plus apte à porter le nom de la famille au pinacle, j'étais celui qui restait. Celui qui déjouait les sorts. Celui qui, sous des allures fragiles, tenait finalement tête. C'était tellement improbable.
Et puis cette impression de liberté brute qui me faisait tourner la tête - le même vertige que j'allais expérimenter quelques mois plus tard dans les Andes, en passant du niveau de la mer à l'Altiplano et à Cuzco en une heure d'avion. Le manque d'oxygène. L'ivresse des hauteurs.
Plus personne ne me jugerait. Je savais que c'était faux, au fond : ils seraient tous là, autres membres de la famille, voisins, amis, connaissances, collègues, ils auraient tous un avis sur moi, ils m'apprécieraient ou non - mais d'eux, je pouvais me défaire. De la cellule familiale, il ne restait rien. Je pouvais devenir ce que je voulais. Tout expérimenter - qui oserait m'en blâmer?
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