Je n'aime pas les exaltés. J'en ai trop vu dans ma profession, des redresseurs de torts, des nouveaux philosophes qui défendent l'Occident, accoudés au comptoir d'un bistrot, des réformateurs de l’humanité qui rêvent pour son bien de l'enfermer dans des bagnes, ou des prophètes, inspirés directement par un Dieu qui leur octroie tout droit de mort sur les infidèles. Parfois ils m'ont fait peur ; parfois ils m'ont semblé risibles : toujours je les ai détestés avec leur mauvaise foi, leur aveuglement, leur bêtise érigée en doctrine.
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