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3.41/5 (sur 110 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Neuilly-sur-Seine , le 24/11/1943
Mort(e) à : Le Vésinet , le 14/05/1987
Biographie :

Auteur de sept romans, Jean-Pierre Enard est mort à 44 ans en 1987.
Après des études qu’il qualifiait d’«incertaines», il fut rédacteur au Journal de Mickey, chercheur de gadget pour Pif, puis directeur de la «Bibliothèque rose», chez Hachette, avant de se consacrer plus intensément à l’écriture de ses romans tout en travaillant pour plusieurs éditeurs et en tenant la chronique littéraire de l’hebdomadaire VSD. Ses plus beaux succès sont posthumes, avec la publication de deux ouvrages érotiques: les Contes à faire rougir les petits chaperons (Ramsay 1987, puis Folio) et L’art de la fessée, illustré par Milo Manara (Glénat, 1988).

Source : http://www.finitude.fr et Wikipédia
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La chronique de Gérard Collard - Contes à faire rougir les petits chaperons rouges


Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Il se mit à nettoyer son pistolet Mauser. Un souvenir de guerre. Il en était assez fier. Churchill avait le même. Pierre fit jouer la détente. Aucun doute, c'était une belle arme. Elle l'avait tiré de pas mal de sales draps. Mais elle ne lui servait pas à grand chose contre les maris volages, les J3 fugueuses et les déportés au chômage.
Mon père soupira. Avant de s'établir flic privé, il avait lu une collection de bouquins à couverture jaune et noire où les détectives, comme lui, démasquent les combines des politicards, s'envoient de fortes rasades de dry-martinis et succombent aux charmes de blondes platinées mais opulentes. La France était décidément en retard sur l'Amérique.
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Belles moralités.
Dashiell Hammet, interrogé par une commission maccarthyste. On lui demande de livrer des noms. Il n'en connaît aucun. Il pourrait le dire. Il préfère se taire et se laisser mettre en prison. Par respect de soi mais aussi pour défendre son idée de la démocratie.
Georges Perros, après quelques années de galères parisiennes, TNP et Gallimard, s'installe à Douarnenez. Pour se mettre au vert de l'océan, peut-être. Surtout pour rester fidèle à soi-même. Face à la mer, dans la solitude et la pauvreté, on ne se berce plus de vains mots. Une vie sans illusions et une écriture nue.
Moralité de ces moralités: une morale n'a de sens que traduite en actes. L'écrivain est le plus mal placé pour se contenter de paroles.

(Idées blanches, p.62)
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Les vrais lecteurs ont le temps. Ils savent dénicher sur les rayons du libraire les ouvrages négligés de Follain, Fombeure, Robin ou Hyvernaud. C'est pour ceux-là que j'écris.
Les autres, dont, hélas, la plupart des critiques professionnels, se fient aux mots d'ordre que crée la rumeur éditoriale. Paresse, manque de curiosité, désenchantement: il y a un peu de tout cela et beaucoup de vanité. A quoi leur servirait d'écrire sur un livre dont personne ne parle? L'importance du sujet donne de l'importance au journaliste. L'enflure des mots gonfle la grenouille critique...

(Idées blanches, p.67)
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Qui veut le succès ne dois pas brouiller sa piste. Il faut rentrer dans le rang. Observer les règles. Choisir son genre: saga familiale, souvenirs d'enfance, récit historique, confession cul. Ce dernier, recommandé pour les auteurs femmes et pour les goujats qui laissent deviner les noms et les pratiques de leurs partenaires.
Deux manières d'écrire sont acceptées. La distinguée, vocabulaire puisé dans le Robert en neuf volumes, imparfait du subjonctif et citations incluses dans le texte sans guillemets. La torrentielle, argot piqué chez Simonin, énumérations pittoresques, points de suspension et invocation de Saint Céline. L'essentiel, dans un cas comme dans l'autre, c'est d'éviter le réel. La crudité, la nudité, l'absence d'alibis font fuir.
Cela ne se limite pas à l'écriture de l'érotisme.

L'éthique d'un écrivain, c'est son style. La structure du récit, la syntaxe, le vocabulaire, la ponctuation.
Ne pas céder au tape-à-l’œil, à la mode, à la facilité, à la convention. Ne pas écrire dans le moule. Renoncer au brillant toc. Être, quel qu'en soit le prix à payer, fidèle à l'idée qu'on se fait de la littérature et de soi-même.
Tout le reste en découle: imagine-t-on Beckett un dimanche après-midi à la télévision?

Éviter les compromissions: c'est l’œuvre même qui doit être irréductible. Le reste n'a aucune importance. Ainsi Cocteau.

(Idées blanches, p.69-70)
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Le langage, c'est comme le bois ou la pierre : un matériau. Écrire, c'est le travailler. On admet qu'un sculpteur apprenne sa technique. Et qu'un acteur fasse de la gymnastique ou place sa voix avant de monter sur scène. C'est pareil pour l'écrivain. Il doit s'exercer. Et, avant tout, pour désacraliser l'écriture.
D'où l'utilité des travaux alimentaires. Ils ont l'avantage de permettre de gagner, plus ou moins bien, sa vie et de donner l'occasion de travailler à brut le matériau. Écrire les mémoires d'un chanteur, rédiger un récit véridique de deux cents feuillets sur des amours de stars, composer les légendes d'un conte pour enfants, traduire un ouvrage économique sur la crise du pétrole, découper un scénario de bandes dessinées, c'est utiliser l'écriture. La plier pour la rendre souple et se soumettre à des lois pour s'adresser à des publics différents. Connaître, attraper, rejeter des mots, des tournures, des liaisons, des trucs de métier, en somme, qui entreront, ou non, dans le façonnement de son style personnel. Bref, apprendre à écrire.

(Nous ne dormons jamais, p.44-45)
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Les romans sont comme les enfants. Personne ne sait au juste d'où ils viennent. Les scientifiques prétendent que c'est la petite graine linguistique de papa qui s'est glissée dans le ventre de maman écriture. Ils parlent de matrice et ils sont sûrs qu'ils ont tout dit. Les psychanalystes pensent qu'ils poussent dans les choux du passé et qu'en fouillant le champ de sa mémoire, on en déterre ici ou là. C'est faire du neuf avec du vieux. Les idéalistes croiraient plutôt aux cigognes de la pure imagination. Discours antique, qui fait sourire.
Au fond, je préfère ne pas savoir. Si je pouvais connaître les mécanismes, les réactions chimiques, les influx nerveux et physiologiques, les enchaînements linguistiques, j'arrêterais. Si je savais comment j'écris mes livres, je n'en écrirais plus.

Roman n°1, septembre 1982
Extrait de La cigogne et le roman

(Idées blanches, p.71-72)
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Le plaisir du nouvel album et ce rien de tristesse: dans une heure, on aura tout lu. On a beau s'attarder sur les images, lire mot à mot, l'histoire va trop vite. On tourne les pages, jusqu'à la dernière.

(Quand j'étais Tintin, p.112)
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L'éditeur ne fait que répéter une conception issue des écoles, lycées ou facultés. Une vision mystique de l'écriture, où l'écrivain naît avec une plume au bout du bras et, d'une façon tout à fait désintéressée, se met à pratiquer l'art noble de conter des histoires avec des mots. Les profs et les éditeurs se bouchent les oreilles quand ils entendent Brecht, Balzac ou Beaumarchais clamer qu'ils écrivent aussi pour gagner de l'argent. [...]
Dans cette image pieuse, il vaut mieux que l'écrivain souffre, évidemment. [...] Le prof, le critique, l'éditeur, au chaud devant leur demi de bière, glosent à l'infini sur la misère de la littérature et la littérature de la misère. Quelques écrivains se trémoussent, à l'infini eux aussi, pour recueillir leurs applaudissements. [...]
Sacrée, l'écriture ne peut venir que par illuminations successives. Voyez comme c'est commode quand on écrit "Guerre et Paix" ou "Panique".

(Nous ne dormons jamais, p.42-43)
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D'où ce besoin de publier notes, journaux intimes, souvenirs d'enfance. On sait bien, au fond, que c'est là, face à sa propre vérité, à sa plus ou moins grande audace dans le dévoilement, à sa virtuosité dans la confession, qu'un écrivain joue, à la vie, à la mort, son œuvre.
Avec beaucoup de travail, on peut produire une masse aussi impressionnante que "Les travailleurs de la mer". Mais "Choses vues", non. Il faut l’essentiel, ce qui ne s’acquiert pas: l’œil, l’oreille, le toucher. Le style. Ou, comme dit Beckett, la manière.

(14 juillet 1956 - Vence, p.97)
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[...] il n'existe plus de règles romanesques. Les romanciers du XIXe siècle, Balzac comme Dostoïevski, respectaient les lois du feuilleton. Leur art s'exprimait à l'intérieur de conventions qui permettaient de le reconnaître immédiatement.
Nous devons, nous, inventer nos propres règles. Cela comporte un danger: en arriver à un point où le jeu est connu du seul auteur et n'intéresse plus que lui. Guyotat, si vous voulez. Mais Narcisse finit toujours par se noyer dans un verre d'eau.
Le romancier doit donc, plus que jamais, jouer franc jeu. Tout lui est permis à condition de ne pas tricher. Ou, s'il le fait, que cela ne se voie pas. Cela suppose, mais oui, qu'il devienne un virtuose.
Et s'il a du cœur, il a partie gagnée.

(Nous ne dormons jamais, p.45-46)
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