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Citation de Partemps


Debord cite cet extrait d'un poète de l'époque T'ang : « Je descendis
de cheval ; je lui offris le vin de l'adieu, et je lui demandai quel était le
but de son voyage. — Il me répondit : je n'ai pas réussi dans les affaires
du monde ; — je m'en retourne aux monts Nan-Chan pour y chercher
le repos. » C'est là, des siècles plus tard, au pied de ces mêmes monts
Nan-Chan, que Teilhard de Chardin, le 1er
janvier 1932, à neuf heures,
à la demande des participants à la Croisière jaune, prononça les mots
suivants :
Mes chers amis, nous nous trouvons réunis ce matin, dans cette
petite église, au cœur de la Chine, pour commencer en face de Dieu
l'année nouvelle. Dieu, pour chacun de nous ici, n'a sans doute pas
la même précision, la même figure. Mais, parce que nous sommes
tous des hommes, nous ne pouvons échapper, aucun d'entre nous, au
sentiment et à l'idée réfléchie que, au-dessus et en avant de nous, une
énergie supérieure existe, à laquelle nous devons bien reconnaître
— puisqu'elle nous est supérieure — l'équivalent agrandi de
notre intelligence et de notre volonté. [...] Nous souvenant de Son
omnipuissance, nous La prierons d'animer favorablement pour
nous, nos amis et nos familles, le réseau compliqué et en apparence
si incontrôlable des événements qui nous attendent au cours des mois
qui viennent — que le succès couronne nos entreprises, que la vraie
joie soit dans nos cœurs ; et dans la mesure où la peine ne saurait
nous être évitée, que cette peine se transfigure dans la joie supérieure
de tenir notre petite place dans l'Univers, et d'avoir fait ce que nous
devions ! (cité par Jacques Arnould, Pierre Teilhard de Chardin)
Le voyageur T'ang s'en allait vers les monts Nan-Chan pour y cesser
d'agir. Teilhard y vient pour entreprendre. Il situe le mystère de Dieu dans
l'énergie, source de toute animation. La comparaison de ces dynamiques
me montre à quel point je suis occidental, vis en occidental, et en mourrai
peut-être, sans que cette perspective m'inspire le regret de n'avoir ni su
ni souhaité arrêter d'agir, c'est-à-dire cesser d'être animé. Le voyageur et
Teilhard se sont éloignés, mais l'esprit de Teilhard a gagné la Chine, et les
monts Nan-Chan n'annulent plus deux dynamiques contraires.
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