Par-dessus le toi des guitares
Ses yeux et son sourire bleu
La nuit mêlée à ses cheveux
Chaque train oubliait sa gare
Le flux et le reflux de la mer intérieure
Qui animait mon coeur à la cause du sien
Me faisait ressemblant à ces ombres de chien
Qu'on voit laper la nuit des restes de lueurs
Mon égyptienne ma mythique
Quand nous baignerons-nous à nouveau
Au port d'Alexandrie entre ces vieux rafiots
Dont la voile crevée donnait de la musique
Du haut de la plus haute pyramide
Léchée par des millions de regards touristiques
Entre Son Lumière légendes et cantiques
Je t'apporte ces mots de sang encore humides
Ces inhumains versets d'amours supra-humaines
Quand le poète écrit d'amour à son aimée
Il charge son crayon d'encre à éternité
Puis lui dit simplement Madame je vous aime
Et je vous saurais gré de l'avoir remarqué
Pour un Art Poétique
Ce qu'il nous faut c'est la phrase tout terrain, insubmersible, intraveineuse, la transfusion de l'âme à l'âme. J'entre en vous par l'évènement, par le détail, par le rêve qui devient réalité, par la réalité devenue rêve, par les premières vagues de l'avenir qui lampent le présent
J'ai dépassé la vitesse du sang, le temps a cessé de m'être ennemi, il m'accompagne, me fait visiter ses laboratoires, ses jardins, ses replis, ses panoramas fantasmagoriques et ralentit le pas pour me laisser souffler.
Ce qu'il nous faut, c'est la parole vivante, qui bondit d'une cervelle à l'autre sans coup férir, avec le naturel des oiseaux et des fleurs qui finissent toujours par revenir au poème.
Ce qu'il nous faut, c'est la poésie génitrice qui franchit les biefs et les obstacles, sans perdre ses idées ni ses plumes, les chemins de la sève, les catacombes de la mémoire, la page ciselée polie à la main, le mot-action se propageant comme le feu dans l'universelle conscience.
Regardez cet arbre, il naîtra dans quatre siècles, cette lunette colossale qui contrôle la circulation dans les beaux quartiers de la lune, à quinze cents années d'ici. Regardez ces hommes et ces femmes qui déjeunent sur la terre, soupent sur Vénus et dansent au son de musiques étranges, pour fêter l'avènement de l'an trois mille.
J'écrivais ce poème en mil neuf cent soixante dix-huit, à cette époque l'humanité était en projet - illisible par plus d'un côté, ployant sous les ténèbres et bric-à-brac d'une technologie balbutiante. L'argent, plus que la pesanteur, nous contraignait à toutes sortes de contorsions.
Pour beaucoup, l'amour n'était qu'une façon de boire. Insecte délirant, l'homme détruisait l'homme à tout propos, tandis que la femme, source de vie, nageant entre paupière et genou, le berçait, musique à la surface des yeux, toujours une île de côté.
Quelquefois je quitte un sourire
avant qu'il ne s'achève
distraitement
pour penser à autre chose
et lorsque je le retrouve
il n'a déjà plus de raison d'être