SOUVENT J’OUBLIAIS
Extrait 2
Je prends congé de mes amis Z… qui habitent au septième étage, sans ascenseur.
On m’accompagne sur le seuil de l’appartement.
Soudain, apercevant l’escalier, je suis pris de panique et pense, dans un éclair :
« C’est quelque chose qui sert à monter, non à descendre ! » je ne vois plus les marches,
mais l’espace vertical qu’elles découpent de haut en bas :
une falaise abrupte, une faille, un précipice affreux !
Affolé, étourdi par le vertige, je crie : « Non! Non! Retenez-moi ! »
Je supplie mes amis de me garder chez eux pour la nuit. En vain.
Pas de pitié : on me pousse, en plaisantant, vers l’abîme.
Mais moi, hurlant comme un homme qu’on assassine, je résiste,
je m’arc-boute, — finalement je cède, perds l’équilibre,
manque la première marche, tombe et me casse une jambe.