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Citations de Jean-Yves Masson (74)


Sommeil, mon confident que je crains de trahir,
silencieusement près du puits de sagesse
où chaque être s'accorde à son désir, tu pose

tes mains sur l'innocence du visage, tu désarmes
le mensonge et l'orgueil, rallume dans le cœur
le feu qui le maintient en vie. Sommeil ô

montreur d'ombre ! mémoire de la terre,
donneur de force qui enseignes
aux yeux absents le prix d'une heure de lumière.

(P13)
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LXXXV


Plongé dans le livre, page après page, à lire cette histoire ancienne,
 le temps sans pesanteur a passé, qui fait oublier le sommeil.
  Et soudain cet appel sans voix, cette inquiétude

à travers l'air : là-bas cette liqueur, c'est l'aube,
 et c'est presque un effroi que de voir
  le ciel se vider de ses astres, et la lune d'été qui s'enfuit.

Oui, c'est l'appel de l'aube à la voix blanche, dans ma mémoire
 ivres les mots de cette nuit dansent encore, et je dédaigne
  le sommeil. Je sors dans la campagne, prêt au départ.

p.97
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II


Veilleur veilleur j'attends dans une chambre sombre
 et ma garde est sans peur. Un enfant nu sommeille
  dans ma crypte de temps. Il a la clé de mon empire.

J'attends, je vous attends, siècles neufs, nouveaux âges,
 je sais des philtres insolents
  pour qu'encore les lèvres chantent.

Je réveille le nom du plus ancien désir. Je suis
 né d'aujourd'hui, je suis le fis de mon attente :
  ouvre-toi, mon pays ! au nom de l'avenir.

p.14
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LES TISSUS DES CIEUX

Si j'avais les tissus brodés des cieux,
Ornés de lumière d'or et d'argent,
Les tissus bleus, les pâles et les sombres
De nuit et lumière et pénombre,
Je les déroulerais sous tes pieds :
Mais moi qui suis pauvre, je n'ai que mes rêves ;
J'ai déroulé mes rêves sous tes pieds ;
Marche doucement car tu marches sur mes rêves.

W. B. YEATS
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L


Soudain il fut midi sur ce chemin de terre
où je m'étais aventuré, et la lumière
trop lourdement pesait sur les blés alentour.

Et partout dans le frémissement du monde j'entendais
les voix de la folie amère qui guettait
ma pauvreté errante.

Hélas, je tends l'oreille et je cherche à entendre
ta voix qui maintenant dans les vallées de l'outre-monde
erre très lentement et peut-être se perd.

p.62
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XCVI


La sagesse a des doigts de lavande, elle parfume les armoires,
elle cueille au jardin les fruits et préfère les fruits aux fleurs,
elle ne coupe pas les fleurs et ne les met pas dans des vases.

La sagesse a des yeux de chat, car elle voit mieux dans le noir,
son sommeil est épris du monde et l'univers est sa maison.
La sagesse chérit les blés et sait le prix de la patience.

La sagesse a des mains de fier courage et nous révèle sa tendresse,
elle est la fille du silex, servante et maîtresse à la fois.
La sagesse avance masquée, sachant qu'un dieu parle en nos songes.

p.108
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XXXV


Vous que je vois passer sous les arbres du soir,
promeneurs qui cherchez peut-être votre image
au fond de cette nuit où la lune décroît,

vous veufs de tout sommeil, marcheurs nocturnes qui venez,
l'angoisse au cœur, vous blottir dans cette ombre
en écoutant le bruit de l'eau, ou peut-être le chant de la grive,

faites taire vos pas. Quittez toute espérance
et tout regret. C'est ici le pays charitable de l'ombre
où se prépare la saison neuve d'après l'enfer.

p.47
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Toi qui trembles à la pensée du choix, songe que tu es l’enfant de ce que tu seras demain. Tu te crois fils de ce que tu étais hier : prends garde de ne pas devenir orphelin de ton avenir. C’est demain seulement que tu sauras qui tu étais aujourd’hui. Souviens-toi de l’avenir.
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ESSEULE

Le sifflement froid et vif
Du vent vif et froid,
Qui soufflait sans arrêt dans le ciel,
Las, comme cela me rendait triste.

Le grand vacarme des vagues
Qui se brisaient contre la grève,
Et tout ce bruit lourd et profond,
Las, comme cela me rendait triste.

La mouette qui planait dans l'air
Lançant son chant criard à travers la baie,
Les cris et l'appel des oiseaux,
Las, comme cela rendait triste mon coeur !

La voix du vent et celle de la marée
S'affrontant sans cesse dans un puissant combat ;
La mer, la terre, le ciel, le souffle du vent,
Las, comme ils sont tous tristes !


Douglas HYDE
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Si longtemps j'ai cru te connaître ! J'ai cru que j'apprivoiserais
ton errance secrète et sauvage, et je cherchais des mots
pour dire les instants de ta beauté de cendres.

Mais je sais aujourd'hui tout ce que tu excèdes, et qu'au-delà de moi
s'établit ta lumière, au-delà de tout nom.
Je tremble que tu viennes. Je gémis si tu ne viens pas.

Mais l'ange alors qui parfois me visite en rêve
(ce n'était pour nulle consolation)
levant son glaive m'ordonna la patience.
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LXXXVI


Viendras-tu quelque jour au puits de l'obscure tendresse
 boire une eau partageable où plus d'une heure, plus d'un jour,
  nos cœurs pourront chercher comment inventer le nouvel amour

si bien que le désert ne sera plus qu'un souvenir ?
 Oui, si tu peux, ne tarde pas, porteur d'offrande,
  et que tu viennes avec l'arc ou la lyre, près du puits je t'accueillerai.

Tout l'avenir est une colline incertaine,
 bruissante sur l'azur absolu. Des portes invisibles tremblent,
  dans le matin, une source au loin parle et prie.

p.98
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Magicienne je fus, prise à mes sortilèges.

enfance de beauté sous les arbres magiques
d''un jardin solitaire, enfance où je lisais
dans l'écorce des arbres, qu'ai-je fait de vos espoirs,
enfance, et de ces nuits sans sommeil où l'amour me brûlait ?

Puisque je fus, je demeure éternelle.
Regardez mon portrait de mensonge et de fable :
ma statue est solaire, mais le sable la garde
enfouie profondément dans un tombeau dans murs.
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LXXXIV


La nuit du solstice d'été, je vis en rêve
 une jeune femme vêtue de blanc, aux cheveux noirs,
  qui dansait parmi des enfants en deuil. C'était

au soleil déclinant, elle avait la splendeur de la jeunesse
 et déjà toute la douleur d'avoir été. Et soudain
  je t'ai reconnue au clair mouvement de ta jupe

sans pouvoir distinguer ton visage, alors que la nuit approchait
 dans de vives lueurs d'orage, je t'appelais depuis la grille,
  je voulais franchir ton abîme, et naître enfin.

p.96
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LVIII


Beaux arbres de la nuit sous les étoiles d'août
qui redoutez l'orage, arbres nus, désirés,
arbres nourris de nuit par toutes vos racines,

en vous plus ne se plaint la dryade craintive qui
se souvient de la vie et soupire et s'endort,
arbres de dur amour et d'âpre solitude

accueillants à l'oiseau comme à l'enfant qui fuit
et passe sous vos branches et rêve de grandir
sans perdre ce qui fait votre sommeil si fort.

p.70
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Les chemins éternels qui mènent au territoire de beauté,
nul ne pourra les effacer, toujours ils attendent que vienne
un voyageur aux lèvres frémissantes de chansons.
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XLIII



Je fus. C'était l'hiver en mon pays d'orage,
c'était toujours l'hiver. J'étais voix sur la route,
j'étais cygne blessé, main tendue vers la neige,
vers la voûte du ciel et la vie à venir.
Je fus cri. Mes bras d'ombre étaient déjà la route,
ma chevelure éparse un ruisseau pour mourir,
toute de sang et d'aube il me fallait la terre
et j'accueillais le temps pour l'écouter dormir.
Je fus, je reviendrai. Tout cri est réversible,
toute pierre retourne en amont du torrent,
et moi, fée, je deviens oracle et je t'attends
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Pomme de Newton

Tu reviens, ahuri,
Vers un monde où tout le monde est toujours jeune
Et toi seul as vieilli.

"La masse en énergie, l'énergie de nouveau en masse"
Un étudiant théorise à sa petite amie
Au-dessus des pâtisseries danoises, à une table voisine,

'Et, bien sûr, la question du temps
Et son renversement...'
Vingt Vous devineriez, la paire d'entre eux,


Comme tout le monde dans le cyber-café,
son blizzard d'informations en
ligne, sauf toi le revenant

De l'autre côté du ciel.
Une tranche de pomme de Newton. Connaissance parfaite.
Ici, ils le mangent, sans le regarder tomber.

– Harry Clifton
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Louis MacNeice

LES SYLPHIDES

La vie en un jour : il mena son amie au ballet ;
Lui-même myope n’en vit pas grand-chose —
Tutus blancs dans la grise
Clairière et crescendo de la musique
Soulevant les voiles blanches.

Calice sur calice, campanules dans la brise
Les fleurs de gauche reflet des fleurs de droite
Et les bras nus au-dessus
Des visages poudrés remuant
Comme des algues dans un étang.

En ce moment, pensa-t-il, nous flottons — sans âge, sans rame —

En ce moment, il n’y a aucune séparation, désormais
Tu porteras du satin
Blanc et une ceinture rouge
Sous les arbres qui valsent.

Mais la musique s’arrêta, on rappela les danseuses,
La rivière était parvenue à une écluse — froissement de programmes —
Et nous ne pouvons pas continuer en
Aval si nous ne sommes prêts
À passer par l’écluse et suivre le courant.
Ils se marièrent donc, pour être davantage ensemble,
Et s’aperçurent qu’ils n’étaient plus jamais autant l’un avec
l’autre,
Séparés par le thé du matin,
Par le journal du soir,
Par les enfants et les factures des commerçants.

Se réveillant parfois la nuit, elle était rassurée Par sa respiration régulière mais se demandait si
Cela en valait vraiment la peine et où
S’était écoulée la rivière
Et où étaient les fleurs blanches.

Été 1939
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Thomas Kinsella

La conception

La bonté est requise.
Cela fait partie de la conception.
Le mal est compris.
C'est une erreur et fait partie de la conception.

La reconnaissance du bien
et la condamnation du mal
sont nécessaires. Les déchéances
ne sont pas comprises.
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Un verre d'eau

Je me verse un verre d'eau pour moi.
Je regarde ce qu'il recueille dans la pièce.
Ce n'est pas pour boire. Je veux que le manque d'
un verre et d'un sommeil d'eau puisse s'interposer.
Le verre d'eau s'y trouve la moitié de l'année.
Son niveau baisse. Ses bulles fleurissent et éclatent.
Je reçois à peine le verre d'eau,
et je me lève toujours pour porter des toasts arides:
faim, soif; au bonheur qui va sans;
aimer s'abstient, l'accalmie jusqu'au déluge;
trop près pour le toucher fait mal, et non;
tous les vœux soufflés par le vent, les chardons dans un champ.
J'incline le verre d'eau à mes lèvres.
Je tiens comme ça, avant que le manque cesse.

- Conor O'Callaghan
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