Il est reconnu que toute mode sécrète sa contre-mode. Cependant, si l'épilation intime peut faire appel à son contraire, comme on l'a vu avec le porno chic passé du lisse au velu, il en va différemment pour l'épilation des jambes et des aisselles reconnue aujourd'hui comme un facteur d'intégration sociale propre à l'identité féminine : elle est une règle de bienséance, à ce point coercitive que son abandon relève pour le sens commun de la déviance. Le talk show "Sacré Laurence" du 22 mai 2007 présentait une femme qui ne s'épile jamais, juste avant une autre qui ne jurait que par la couleur mauve. Ne pas s'épiler les parties communément visibles du corps serait aussi extravagant que teindre son chien en mauve.
L'épilation intégrale est à ce point associée à la pornographie, à qui est le plus souvent déniée toute valeur artistique, que la toison devient, par contre coup, le signe du professionnalisme artistique des actrices du cinéma d'auteur ; celles-ci restent ainsi imperméables à la mode commune et se démarquent des actrices épilées du X. En conséquence, le poil, qui était au XIXe siècle exclu des représentations artistiques et réservé aux productions pornographiques, est aujourd'hui devenu un garant artistique du cinéma. Par son évolution propre, le cinéma pornographique a de la sorte inversé les signes de décence artistique, l'épilation renvoyant aujourd'hui à sa marginalité.
C'est pourquoi il est habituel de voir dans la banalisation de l'épilation intime la conséquence d'un mouvement plus général de dénudation des corps. En cela, sa vogue serait l'aboutissement d'un mouvement amorcé "avec l'apparition du bas nylon transparent" : "En exposant plus de surface poilue, les maillots de bains obligent aujourd'hui les femmes à s'épiler, pour la rendre socialement acceptable, la partie découverte du pubis" (Marc-Alain Descamp dans L'invention du corps). Nancy Etcoff, professeur à l'université d'Harvard, reprend cette thèse lorsqu'elle établit que chaque exposition publique d'une nouvelle partie du corps féminin a historiquement entraîné l'épilation.