S'il est vrai que les conquêtes les plus difficiles sont celles qui apportent le plus de joie, alors sans hésitation, de tous les pays ou mon mari m'a entraînée pour ses recherches scientifiques, mon cœur penche vers cette rude partie du continent sud-américain, vers ces étendues désolées, mornes, torrides, dangereuses des Llanos Vénézuéliens.( Llanos, terres brutales par Jeannine Fiasson édition Julliard )
Des laotiennes, petites, menues, moulées dans leur jupe brodée d'or, l'écharpe dégageant négligemment une épaule, la ceinture brillante, le chignon orné d'une fleur, évoquent dans leur déhanchement gracieux, leurs souples mouvements des bras, leurs mains fines aux longs doigts mouvants comme les pétales d'une fleur sous la brise, l'image même de la grâce féminine.
Il y a eu, hélas, des combats dans Vientiane. Et tout permet de supposer que cette lutte serait le début d'autres batailles plus meurtrières. Heureusement, je connais assez le brave peuple laotien, pour savoir que la douceur de son sourire n'en sera pas changée. Une fois les blessures pansées, il retrouvera son calme et sa bienheureuse nonchalance. Devant le visage si constamment cruel de notre temps, pourquoi n'emporterai-je pas, caché au fond de mon cœur, comme le bien le plus précieux, le souvenir du charme et de la douceur de vie de ce peuple qui m'est cher ?
Le Laos est le pays de la gentillesse ; or l'amabilité est contagieuse ; comment rester perdu dans les soucis d'une civilisation trépidante lorsque tout est joyeux autour de soi ? Sourire des femmes lao moulées dans leur jupe brodée d'or avec leur gracieux salut des mains jointes. Sensation subite du chez-soi retrouvé dès que l'on pénètre dans le cercle de famille. Effort du passant essayant de comprendre ce que l'étranger lui demande.