LA MÉDITATION SELON JEFF FOSTER
Ah ben voilà quelqu’un qui connaît « la vraie méditation » ! Enfin ! Je trouve ça prétentieux, mais bon. Mais c’est simple comme il le dit : « Qu’est-ce que la méditation ? Une pure fascination pour ce moment, exactement tel qu’il est. » Personnellement, je n’ai pas appris grand chose dans cet ouvrage, mais chacun se fera son opinion. Jeff Foster n’a pas inventé l’eau chaude et c’est sidérant de constater comme ceux qui se cherchent une vie spirituelle sont prêts à boire de cette eau comme on boirait une Heineken… Il est pourtant propulsé depuis 10 ans comme « enseignant spirituel » et conférencier international… Tout le monde cherche le mode d’emploi pour vivre et mieux vivre, et surtout « connecté à soi/au Soi ». Jeff Foster est un des épiphénomènes de cette nouvelle vague. Mais sa personnalité, son joli minois et sa liberté de ton, son expression très américaine et brutale parfois, séduisent beaucoup. Moi ça ne me suffit pas.
Cependant, sachez d’emblée, comme vous le lirez ci-dessous de suite, que je prends « la chose » avec une certaine bienveillance malgré ma position adoptée. Tout le monde fait des gorges chaudes de Jeff Foster depuis des années : j’étais donc intrigué, mais depuis peu, à l’idée de le lire, et les éditions Almora ont publiés son dernier livre (comme ses précédents). Que j’ai lu et annoté.
Je partais donc d’une bonne intention, et je ne serais pas méchant ici j’espère, mais sceptique et sarcastique, car tout n’est pas mauvais dans ce livre, heureusement, et il y a du bon dedans. C’est un peu le calme et la tempête cet ouvrage. Donc les lecteurs de Jeff Foster peuvent lire cet ouvrage sans problème, quant à moi, j’attends de lire ses autres bouquins. Je me demande d’ailleurs s’ils sont tous comme celui-ci.
Pour les néophytes de Jeff Foster, accrochez-vous.
« La joie de la vraie méditation » c’est d’abord un témoignage. Il faut l’envisager ainsi. On peut aussi le voir comme une suite de chapitres faits de « réflexions pour soi » qu’il publie pour l’occasion.
C’est un témoignage, parce que ce Monsieur (né en 1980 comme moi) relève vraiment de la psychiatrie, et on le comprend quand on lit ses malheurs existentiels originels. Et je peux dire que je me suis reconnu pleinement en lui (étonnamment et malheureusement), ayant vécu une enfance et une adolescence dans un contexte familial horrible que peu peuvent envisager, dont je suis sorti fort traumatisé, et dont j’ai à l’instar de notre auteur, voulut absolument guérir. Mais je ne conseille de telles vies à personne, même à mon pire ennemi (si j’en ai un). Donc j’ai été touché… et impressionné par cette personne et ce personnage « spirituel ».
Comme Jeff Foster révèle ici publiquement « sa vie d’avant » pour ceux qui ne le connaissaient pas encore (il le dit), je vais me permettre de brosser le personnage (remercions au passage la très bonne traduction de Daniel Roche) : on découvre un jeune homme vraiment perdu, apparemment un solitaire incompris, donc rejeté, et qui s’isole car il est rejeté et de fait, en vient à se haÎr… En grand manque d’identité forcément : un ado en fait. Ne sachant pas qui il est, et s’imaginant à son propre sujet les pires choses que l’on pourrait penser de lui. Un ado qui ne comprend pas son adolescence. Et vit tout cela dans l’extrême, dans un traumatisme permanent qui le fait rebondir sans cesse, de chocs post-traumas en d’autres chocs, et ainsi de suite… En résulte (psychiatriquement parlant) un être psychotique, dépressif, désespéré et suicidaire, enfermé, borderline. Ce n’est pas un jugement, mais c’est étonnant car il le dit « franco de port » dans les 10 premières pages : ainsi on se ressemble beaucoup lui et moi; et pourtant, je n’ai pas eu une vie ordinaire et « normale », mais lui si : pas de famille toxique et perverse pour lui.
Par contre, Jeff Foster n’explique pas comment cette crise identitaire a commencé… ni comment il s’en est libéré pour entrer « dans la vraie méditation ». Vous le lirez : il enchaîne les paradoxes, il en est emplit, et l’assume dans son écriture. C’est déroutant.
Cependant, il s’est guéri seul, en se purifiant intérieurement vraisemblablement, en « posant son sac à dos », sans vraiment réaliser ce qui lui arrivait, gràce à ce qu’il finit par appeler sa « Présence-Conscience ».
Il ajoute : « Il m’est arrivé de me demander si je ne devrais pas consulter un psychiatre [je l’avais dis !]. Mais peut-être faut-il que nous devenions « fous » pour guérir. Peut-être ma « normalité » et ma « conformité » [idem] était-elle justement était-elle justement la maladie dont j’avais souffert toute ma vie. »
Mais il guérit oui, et opère alors un véritable renversement de personnalité. D’une haine de soi, il s’ouvre à l’amour du Tout, s’émerveille du Tout et parvient enfin à s’aimer. L’amour inconditionnel et universel, voilà son credo désormais. « L’amour. C’est l’amour, gentil, attentionné, dénué de jugement, présence attentive et chaleureuse, qui guérit vraiment même nos blessures les plus profondes. » Bizarrement, dans le 10ème chapitre, il m’a semblé assez « tendu » sur la relation amoureuse, cet autre Amour…
Il lui a fallu s’exorciser également. « À un moment dans ce parcours, j’ai trouvé le courage de commencer à écrire sur mon « éveil ». Mon pas de deux avec la mort, mon acceptation radicale de la vie et de la perte du « vieux » moi. » Cette « vraie méditation » est « un enseignement immémorial qui se déverse à travers le canal ouvert et transparent de ma personne. » Vous remarquerez qu’il est passé d’une extrême haine de soi à un amour-propre extrême… le calme et la tempête ! Certains chapitres sont violents, d’autres doux… « Il m’a fallu me frayer un chemin à travers les détritus du moi, dans l’égout de l’enfer intérieur, franchir le seuil de la terreur et de la mort de l’ego pour revenir au Présent éternel. »
Sur la méditation, que dit-il ? « À vrai dire, nous sommes tous débutants en méditation car méditer signifie simplement poser un regard neuf, être conscient et en éveil devant ce qui est, emplir d’attention notre expérience incarnée, ce qui ne peut se produire que dans la nouveauté de l’instant présent. »
Finissons avec ceci. C’est beau sans être nouveau : « Tel est le grand paradoxe de l’éveil. Nous devons « mourir » afin d’exister vraiment. Nous devons « tuer » (laisser tomber » tout ce que nous ne sommes pas afin que s’épanouisse celui que nous sommes vraiment. Nous devons mourir à la fausse perception que nous ne sommes pas unis avec les étoiles, la Lune, les hirondelles qui migrent à la tombée du jour, la lavande sauvage, la bruyère et la rose des montagnes. »
Se voulant détaché de tout mouvement spirituel non-dualiste, Jeff Foster, dans ce livre, prend bien souvent des aspects malheureux du New-Age, Peace and Love, (channelling ?) et développement universel. « Ne sachant jamais quoi enseigner ou comment aider mais permettant… un enseignement immémorial qui se déverse à travers le canal ouvert et transparent de ma personne. » !
Mon chapitre préféré reste le 5ème, vraiment bien inspiré et que chacun pourra s’approprier : « Cessez d’essayer de me réparer, contentez vous de m’aimer ».
Il y a une certaine sagesse, toute simple, dans ces pages, je l’ai lu et ressenti. C’est très abordable. Mais ce sont des montagnes russes. Je crois que Jeff Foster n’est pas sorti d’affaire. Il a son truc : « la vraie méditation », et les gens aiment ça.
Le personnage et son enseignement posent donc question.
Si vous l’aimiez déjà, lisez son livre – si vous voulez découvrir, la porte de « la vraie méditation » est ouverte !
Je vous souhaite une excellente lecture !
ZUIHÔ.
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