Citations de Jérémie Claes (41)
Les craquements des parois de bois martyrisées qui grincent aux cahots, les râles des femmes et des hommes épuisés, les enfants qui s’affaissent et meurent étouffés. Les ordres braillés des Allemands qui font décharger les cadavres aux arrêts. L’odeur épouvantable de mort et de sueur, d’urine, de crasse et de merde. L’odeur des frères et sœurs d’Adam, l’odeur d’Adam lui-même, l’odeur des Juifs dans le convoi, comme une insulte. La chaleur infernale, l’intenable promiscuité, l’exiguïté, les corps serrés comme les arbres d’une mauvaise futaie.
La faim. La soif. La soif.
Et la peur.
La cité est calme, quelques dealers, deux-trois bandes en scooter, rien de méchant. Mais faut pas la chatouiller, Ghislaine, quand il s’agit de son fils !
" Il ne comprend pas pourquoi il faudrait nécessairement être désagréable quand on est un tueur. "
(page 170).
Le WITSEC ou United States Federal Witness Protection Program a été créé au tout début des années 1970 par le Département de la Justice. L’idée initiale était de se donner les moyens de combattre le crime organisé en protégeant les témoins en danger de représailles. Près de vingt mille citoyens américains vivent ainsi à l’heure actuelle sous une identité d’emprunt. Chacun d’entre eux est libre à tout instant de revenir à son ancienne existence.
Vous avez entendu parler d’Encrochat ? Non ? Une application, une simple application utilisée par tous les trafiquants de drogue de la planète et par les criminels en tout genre. Tout passe par là. Tout est connecté. Vous savez comment ça marche. Les forums de jeux vidéo, Among Us, Pepe The Frog, les réseaux sociaux alternatifs, Parler, VK, tout, absolument tout, est maintenant interconnecté. Chaque ville de France compte des milliers d’adeptes des théories du complot, de la Tempête, du Grand Éveil, même s’ils n’ont pas nécessairement conscience de faire partie d’un mouvement aussi large. Il y a beaucoup de bêtise et d’inculture chez ces « croyants ». ¨
Il a pris froid, un rhume léger mais pénible qui lui encombre les bronches. Il profite d’une liqueur chartreuse verte exceptionnellement vieillie qui lui embrase la tuyauterie et le ragaillardit. La médecine des simples est plus efficace et poétique que la triste pharmacopée moderne, selon lui.
Pourquoi un tel revirement dans la politique judiciaire américaine ? Le Busard est conscient que de plus en plus d’élus républicains, sous l’égide du président Trump, frayent avec les organisations d’extrême-droite et les mouvances délirantes du complotisme, QAnon en tête. Cette fange putride a les moyens d’influencer les législateurs et, au sein de l’administration, les hauts fonctionnaires. Mais elle n’est pas seule. Les sectes, les milices paramilitaires, la fine fleur de l’Amérique redneck. Qui, alors ?
Le lieu est cerné de rocaille et de garrigue, de figuiers de Barbarie et d'à-pics décourageants, dissimulé de la route par de hauts cyprès. On accède à la maison par une allée ombragée en été, rythmée par les marronniers. La bâtisse est haute, dominée par une tour crénelée en pierre du pays. La façade se pare d'un lierre envahissant qui tente d'obscurcir les nombreuses fenêtres. Trois couches de tuiles rouge orangé couvrent le toit. C'est un signe d'opulence ces trois strates, c'est ainsi que l'on distinguait les bourgeois au Moyen Âge. La maison date du XIX°, mais apparemment, on a voulu préserver ce signe de richesse ostentatoire.
Devant la ferme, le panorama lui coupe une fois de plus le sifflet. À droite, le village, à gauche, la montagne de Courmette et au milieu, la Côte d’Azur. Ça t’a une sacrée gueule et Solane oublie son impatience pendant quelques secondes, estomaqué par tant de beauté. Il voudrait jouer au blasé, mais ici, à Gourdon, il a laissé tomber depuis longtemps. Il sent tous ses chakras s’ouvrir comme des boutons de fleur, il en entend presque les claps-claps qui le connectent au cosmos. S’il croyait à toutes ces conneries, il planerait littéralement. Ce petit bout de France, malgré les couillons qui votent encore et toujours pour Le Pen à chaque élection, malgré les promoteurs immobiliers et les corrompus des ronds-points, ce petit bout de France ressemble bien à un éden.
Comme tous les prédateurs, King sait faire preuve de patience.
C’est un paradoxe, ça, chez Solane : comment un mec aussi réfractaire à l’autorité a pu faire carrière dans la police ? Parce que les cons, les petits chefs, ça lui a toujours glissé sur le cuir, voilà. Il s’en fout. Il écoute ce qu’il doit écouter, pour le reste, ça rentre d’un côté…
L'homme leur sourit et ses dents font comme un clavier. Une noire, une blanche. Et une langue jaune pointillée de rouge qui darde comme un oisillon entre les lèvres.
« Les montagnes alentour dominent Gourdon, elles portent des noms de Provence, Cavillote, Courmette, une toile de Cézanne , et, en été, l’émeraude sombre des chênes lutte avec le vert constellé de jaune des genêts et cède le terrain à la roche grise aux reflets bleus et dorés. »
« Sullivan est devenu leur martyre. Il a payé son engagement de sa vie. Davidson est fier de Lui. »
« La maison d’arrêt de Grasse est un parpaing hideux posé au milieu du maquis, une construction repoussante , un réceptacle de violence et de désespoir.
C’est là qu’on a encagé l’Italien dans l’attente de son interrogatoire .
Il a été mis à l’isolement .
L’Italien, dont on ne connaît pas encore l’identité, reste mutique mais se montre docile et patient .
Il semble plongé en lui - même » .
« Le procès a révélé l’implication de politiciens, de fonctionnaires, de flics même..
Les malversations sont nombreuses, financières souvent, criminelles parfois .
Davidson et King ont notamment été inculpés pour meurtre au premier degré et trahison.
Des miliciens, sous leurs ordres , ont lynché, torturé , violé ….. » p 63.
« Le village est un escargot de calcaire qui se recroqueville dans sa coquille ».
Jacob Dreyfus se sent libéré. Il a passé un an parmi eux, il les a côtoyés, il a prétendu, lui, le Juif, être leur frère, quand il ne rêvait qu'à exterminer les siens.
« Le Jacob d’avant, le professeur réfléchi et brillant a cessé d’exister.
Il est tombé comme un arbre , et du plus profond de son âme, une plainte est née , s’est glissée dans chaque cellule de son corps et a jailli en une vibration grave et monumentale , comme un grondement de séisme .[………]
Jacob n’est plus qu’une béance » .
« C’est l’enfer, les balles fusent de partout, le pare- brise de l’hélico s’étoile et s’étiole , et Sullivan sent une morsure lui lacérer la cuisse, une autre sur le flanc , il ne s’arrête pas, entraîné par son mouvement . »