Jérémy Bridenne

Un claquement sourd le fit sursauter : une bûche avait cédé en deux morceaux dans la cheminée. Il observait attentivement ce spectacle et prit conscience que, entier, le morceau de bois se consumait visiblement de l’intérieur, laissant une simple fumée opaque envelopper la bûche. Il a suffi qu’elle se brise pour que l’incandescence rayonne et que le bois s’offre pleinement aux flammes du bûcher et remplisse se dernière mission…

Inspiré par sa petite réflexion, il prit conscience que c’est dans sa fragilité, dans l’ouverture à sa vulnérabilité, qu’il pouvait trouver son havre de paix. Nous n’avons plus rien à perdre ni personne à tromper lorsque nous sommes nus.

C'est drôle n'est-ce pas? Cette capacité à nommer différemment deux événements plutôt similaires: l'un est la Révolution française, socle du pays des droits de l'homme et du citoyen, trophée mondial de cette prise de guerre dont les gens comme vous se gargarisent. Et le même événement en 2019 est qualifié d'anarchisme, de chaos, de guerre civile par ces mêmes personnes qui ont été plus sanguinolentes, plus décisives et plus tranchantes, si j'ose dire, dans leur prise de pouvoir deux cents ans auparavant. Ah la liberté!

Alors que, je pense, nous avons à nous reconnecter à nous-mêmes, à nos savoir-faire naturels pour flairer le chemin à prendre, pour répondre à nos aspirations, à nos rêves. Si nous acceptons notre singularité, nos failles et nos forces, nos possibles et nos ressources, nous pouvons être meilleurs en étant simplement soi, nous pouvons être forts en étant moins, juste parce que nous concentrerons notre énergie sur la mission qui est la nôtre.

Existe-t-il vraiment une Vérité?
Il y a la réalité partagée et conventionnellement acceptée par la majorité; celle qui légitime un peu plus le poids et la véracité de ce que l'on nomme couramment le palpable, le tangible. Et il y a toutes les autres dimensions, colorations, sensibilités qui perçoivent, dessinent, ressentent le monde autrement et qui ne sont pas moins vraies pour autant, au moins pour celles et ceux qui en sont le prisme.

SOSA laisse le temps à sa patiente de s'installer à son aise. Les yeux bleus azur percent l'âme de la jeune femme et le thérapeute exprime d'un long silence sa Présence à l'autre sans se détacher de son sourire enjôleur. Au-delà du charisme naturel du bonhomme, c'est aussi une posture du praticien pour fissurer la carapace du persona qui cache la personnalité qui est à soigner.

Elle songe à ce thérapeute qui accepte de l'aider. Ce SOSA qui est le mix de deux symboles antagonistes de son histoire: l'homme, maltraitant, méchant, dangereux. Le soignant qui aide, qui écoute, qui respecte... Et qui disparaît.

« Bien perdu, bien connu » comme dit le proverbe. Tu sais ce que c’est et seule une âme éclairée peut aider une autre qui cherche dans la pénombre.

Retour à soi, retour à soi... Qui suis-je? Comment savoir quelle route prendre quand on ne sait pas d'où l'on vient?