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Citation de rkhettaoui


Elle
avait admiré sa manière de galoper à bride abattue dans Fanfan la Tulipe, lui qui n’était pas cavalier (« Il jouait si bien, concédait Christian-Jaque, que
même le cheval croyait qu’il savait monter »), ou sauter, sabre au poing et sourire
aux lèvres, du haut d’un toit, lui qui était si peu sportif – en vérité, il l’était,
mais sans le vouloir, il le devenait à son insu, au gré des rôles, au fil de la vie
et de ses exploits. Elle le sait téméraire, fougueux, indomptable, indifférent aux
maux ordinaires et marqué par une grâce dont elle veut encore croire qu’elle le protégera
longtemps des orages et des tempêtes. Et voici pourtant que, marchant à l’ombre, les
épaules basses, courbant son mètre quatre-vingt-trois, plus grand encore d’être fléchi,
il ne se ressemble plus.

Sans doute, pense-t-elle, a-t-il contracté une méchante dysenterie amibienne à Acapulco,
où il vient de tourner, avec Buñuel, un film malade au titre prémonitoire : La fièvre monte à El Pao, mélo politique tiré d’un roman schématique d’Henry Castillou, où il incarne, sous
un régime fasciste, un homme loyal, sensible et juste, qui défend la dignité des prisonniers
dont il a la charge. Sans doute n’aurait-il pas dû non plus, retour du Mexique, s’arrêter
avec elle à Cuba, où, sans hésiter, il a répondu à l’invitation officielle de Fidel
Castro et sacrifié à un rituel plus complice que protocolaire : visite émerveillée
d’une usine sucrière moderne, discussion enflammée avec des étudiants galvanisés à
l’université de La Havane, dîner et toasts à la gloire de la révolution, que l’acteur français a déclaré vouloir servir à sa manière en incarnant
prochainement Raúl Castro, l’ami du Che et le combattant de la Sierra Maestra, dans
un grand film épique dont il imagine déjà le scénario édifiant et la diffusion prosélytique.
Il serait donc temps pour lui de lever le pied, de se ménager, d’entrer dans l’âge
adulte. Trop de films, de pièces, trop d’engagements militants, trop de désirs d’avenir,
et pas assez de repos, plus aucune trace d’insouciance.

C’est à peine si, l’année dernière, Anne a eu son homme pour elle, tellement le Fregoli,
que Jean Vilar supplie sans cesse d’économiser ses dons, se démultipliait. Il a tourné
dans La Vie à deux, l’hommage à Sacha Guitry de Clément Duhour, et dans Le Joueur,
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