J’arrive sur la trentaine, j’ai déjà les cheveux blancs, ni femme, ni enfants, ni boulot. Ma vie de banquier ne me manque pas. J’ai tout largué pour vivre de mon rêve. Rêve que je ne vis toujours pas. Je voulais devenir écrivain, j’avais besoin d’écrire pour ne pas tomber dans les effluves du rhum qui enivrent (…) Mon quotidien prend maintenant un autre visage. Ce que j’aime, c’est de me retrouver devant une page vierge. Alors que certains sont des petits joueurs qui bafouillent et qui trébuchent face à une feuille blanche, face au manque d’inspiration. Mais moi, j’aime ça. C’est mon défi, c’est ma chance. De toute façon, j’ai quoi à perdre ?
Mon petit frère est un peu plus chanceux que moi, d’après les codes de la société, bien évidemment. L’avocat qui a une belle femme, une fille de trois ans et un autre gosse en route (…) Et moi je reste dans le silence sans savoir me défendre, mais je n’en pense pas moins.
Je me sens mieux, j’ai le sentiment d’avoir vidé mon sac. En écrivant, c’est comme si je faisais une séance de sport, j’ai la même adrénaline.