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Critiques de Johannes Urzidil (4)
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La fuite de Kafka et autres nouvelles

Johannes Urzidil a quitté Prague pour les Etats-Unis. Et comme lui, ses personnages ont pris le chemin de l'exil.

Kafka, tout d'abord, qui fut son ami autrefois. Il n'est pas mort, il est devenu jardinier à Long Island, et joue aux cartes avec d'autres immigrants italiens. Nul ne connait son passé, ni son véritable nom. Pas même sa famille. Jusqu'à ce qu'un jour, un visiteur frappe à sa porte.

Le juge O' Shea lui est un Américain pur sucre. Alors qu'il rentre tranquillement chez lui, un fait étrange et inexpliqué se produit, qui le plonge dans un abyme de questionnements.

Quant à Madame Jarmolewski, de New-York, elle a renversé un enfant en voiture, et veut se racheter auprès de la mère de la petite victime.



Il n'est donc plus question de Prague l'éternelle, ni de la Bohème du temps des Habsbourg, mais de l'Amérique, sa nouvelle terre d'accueil, dans laquelle il a ressuscité son ami (dont il lut jadis la nécrologie), qui se nomme désormais Mr Key. Et les deux autres nouvelles ne sont pas étrangères à l'univers de l'auteur de la Métamorphose, puisqu'il est question d'univers incompréhensibles, et de justice, non pas divine, mais des hommes, et elle est toute relative. Avec ces trois nouvelles, on peine à imaginer ce que fut l'existence de Johannes Urzidil sur le continent américain, "la civilisation suburbaine de l'Amérique, cette civilisation persuadée que l'humanité mènerait une existence idéale si tout le monde en faisait autant"- contraint à l'exil avec dans son souvenir Prague, sa bien-aimée perdue.
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Le Triptyque de Prague

Promenons nous à Prague avant-guerre, magnifiée par les souvenirs de jeunesse du romancier Johannes Urzidil, née d'une mère juive prématurément décédée, d'un père allemand catholique remarié à une femme tchèque.

Il déambule dans une ville cosmopolite, où la minorité allemande rivalise avec les Tchèques, va de châteaux en cafés, de commerces en églises, enfant aventureux. Mais c'est la ville qui est au coeur du récit, majestueuse même dans ses taudis, vieille de tant de faits historiques comme un onctueux mille-feuille fait de siècles superposés .



D'autres récits succèdent à ce « Relief de la ville », comme « Moi, Weissenstein Karl », « Testament d'un jeune poète » où les littérateurs, aspirants écrivains, pamphlétistes praguois ressuscitent dans les fameux cafés de Prague. C'est un milieu qu'il connait bien, où qu'il a bien connu, avant que les lois anti-juives ne l'obligent à se cacher puis à fuir pour la Grande Bretagne et les Etats-Unis. Car Urzidil fréquenta Kafka (personnage de ses récits), Max Brod, Franz Werfel...



Dans ce Triptyque, Johannes Urzidil, conteur né, redonne vie avec beaucoup de tendresse à sa ville, l'inscrit dans une sorte d'Age d'or hors d'atteinte de la modernité, au temps de la monarchie habsbourgeoise .



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Prague, la bien-aimée perdue

Avec ce livre de nouvelles, on entre dans l’intimité d’un écrivain tchèque, Johannes Urzidil, né à Prague en 1896 et décédé en 1970 en Italie. En une succession de onze récits largement autobiographiques qui s’enchaînent chronologiquement, on suit facilement son parcours et les vicissitudes de sa vie depuis son enfance jusqu’à son exil forcé. Dans sa mémoire restera gravée l’image de Prague, sa capitale de cœur, sa « Bien-aimée perdue », si séduisante et mystérieuse. Trois cultures - slave, germanique et juive, donnaient à cette capitale son caractère inimitable et y créaient un vivier culturel unique.

Johannes Urzidil est le fils d’une mère tchèque juive et d’un père allemand. Il semble avoir été prédestiné à être un maillon, à concilier les antagonismes entre les Tchèques et la minorité allemande.

« A dix-sept ans, je me mis à écrire. (…) Être écrivain n’avait rien d’extraordinaire dans la Prague de l’époque. La ville fourmillait de gens qui écrivaient. Quelques-uns ont acquis une célébrité mondiale ».

Bien qu’il étudie dans des écoles allemandes, Johannes Urzidil parle alors bien le tchèque, ce qui est assez exceptionnel parmi les Allemands de Prague en 1913, quand il publie ses premiers poèmes, et devient membre du « Cercle de Prague », un cercle d’auteurs qui fréquentent le Café Arco – haut lieu de la littérature pragoise de langue allemande –, parmi lesquels des noms célèbres vont marquer la littérature du XXe siècle – Franz Kafka, Max Brod, Franz Werfel, Milena Jesenská, Egon Erwin Kisch, Ernst Weiss, …



Johannes Urzidil se marie à une juive, qui est en fait la fille du rabbin de Prague. Il va critiquer les dignitaires nazis et sera obligé de s’exiler au dernier moment en 1939 avec sa femme en Italie.

Puis il va travailler au service du gouvernement tchécoslovaque en exil à Londres, et ensuite s’établir à New York.

C’est après la Deuxième Guerre mondiale qu’il publie ce livre. Il continue à distance à suivre ce qui se passe en Tchécoslovaquie et fréquente les émigrés tchèques à NYC, notamment le journaliste et écrivain, Ferdinand Peroutka.

Johannes Urzidil ne reviendra jamais en Tchécoslovaquie, car le régime communiste lui répugne. Il le considère comme une barbarie.

Son déracinement de son pays est bien évoqué dans la dernière nouvelle du livre qui apparaît comme une méditation sur la destinée humaine. « La vie humaine », dit finalement le personnage principal, un exilé étranger en Angleterre, « est longue, mais elle est courte également. On peut la traverser dans la souffrance ou dans le rire, dans le faire ou le laisser-faire, on peut aussi la rater. Il ne faut pas en avoir peur. Ce n’est pas parce qu’on rate sa vie qu’on vit moins. »

Le style d’Urzidil n’est pas maniéré. Son écriture est classique. Il est clair et calme. Sa plume cherche la compréhension et chasse la haine. Ses intentions ressortent d’ailleurs de ce texte dans lequel il évoque avec un peu d’amertume la coexistence difficile de différentes cultures à Prague. « Je dirais même que nous, les poètes et écrivains allemands, nous étions les seuls à tâcher sincèrement de propager dans la vieille Prague l’idée de l’amour et la conciliation. C’est ce que faisaient Rilke, Werfel, c’est ce que faisaient Kafka et Brod – et nous autres aussi… »

Johannes Urzidil a toujours jeté des ponts entre la culture tchèque et allemande. Il était notamment lié d’amitié avec les frères Karel et Josef Čapek, et le peintre Jan Zrzavý. Il avait beaucoup de compréhension pour les traditions tchèques et même pour les traditions à caractère très national, ce qui n’était pas du tout courant chez les écrivains de langue allemande, à l’époque.

« La Bien-aimée perdue » évoque à la fois, de façon suggestive, la vie de Prague de la première décennie du XXe siècle, et les désarrois du garçon sensible qu’est Johannes Urzidil, qui cherche sa place dans la vie. Un enfant qui est attaché à l’honnêteté et au respect des lois. Un enfant qui est aussi souvent angoissé, qui a des remords et se fait des reproches.

Dès le début du livre, on partage les premières sensations de ce jeune pragois qui fait la connaissance du monde et qui apprend à vivre. Sa mère est morte alors qu’il est tout jeune, et il vit avec son père qui est assez sévère. Lorsque son père amène à la maison une nouvelle épouse, une certaine complicité s’installe avec lui. « Quand un enfant voit pleurer son père, il découvre soudain ce qu’il y a d’enfance dans ce père et se sent lié avec lui au plus profond de lui-même. »

L’enfant ne supporte pas cette nouvelle compagne de son père, cette « mégère », qui ne le bât pas, mais qui sait le blesser beaucoup plus par ce qu’elle dit et ce qu’elle fait, et qui a le regard mauvais !

Heureusement, il y a d’autres femmes et d’autres personnages qui interviennent dans sa vie et qui transforment son existence en une suite d’aventures qu’il nous raconte.

Il fait de belles descriptions et analyses des caractères de ses personnages, sans jamais tomber dans la caricature, je trouve. Il scrute les attitudes, les comportements, mais ne blâme pas. Il pardonne les fautes, les écarts humains. Il fait souvent le constat que l’homme peut avoir des aspects contradictoires, mais qu’il peut évoluer et surprendre en bien ceux qui l’entourent.

Il a aussi de profondes réflexions sur l’existence et l’âme humaines.

Une petite Adèle, fille des voisins, va lui faire entrevoir le dédale de la psychologie féminine, et il va connaître sa première grande tristesse enfantine…

Il devient aussi messager des amours d’une danseuse et cantatrice, et suivra de loin la fin tragique et romanesque de cette vedette de théâtre trop aimée par les hommes qui sera probablement tuée par un de ses amants.

Il parle également de ses années d’école et brosse plusieurs portraits savoureux de ses camarades, dont « Baümel, le redoublant » avec lequel il va fonder un « Club des misogynes » - une nouvelle pleine d’humour, que j’ai beaucoup appréciée !

Il évoque aussi ses séjours en vacances. Dans sa nouvelle « Vacances flamboyantes », il parle de son séjour dans un village situé aux confins de la Bohème et de la Bavière, où il fait la connaissance d’une châtelaine aussi excentrique que mystérieuse…

Un jour, il va découvrir dans les papiers de son père, un secret. Apparemment, son père aurait fait un enfant à une certaine Elisabeth, à laquelle il aurait versé une belle somme chaque mois pendant 20 ans…

« Pays frontalier » est une nouvelle qui m’a beaucoup ému, à propos d’une jeune fille née dans la forêt, qui n’arrivera pas à vivre parmi les hommes.

Et puis c’est la Grande Histoire, qui intervient dans ses récits. La Grande Guerre, le service militaire, l’occupation nazie, l’exil -autant de chapitres d’une existence d’un garçon devenu homme qui n’a pas échappé aux aléas de l’histoire centre-européenne parce qu’il a partagé jusqu’à un certain moment le sort de sa ville…



Dans les années 1960, les valeurs de l’œuvre de Johannes Urzidil vont être reconnues, et ses livres seront traduits et publiés dans plusieurs langues dont le tchèque et le français.

Il meurt en 1970 lors d’une tournée de conférences en Italie et il est inhumé au Vatican.

Cet amoureux de Prague, chassé de son pays et déraciné, aura emporté sa patrie dans ses souvenirs et l’aura fait revivre dans ses livres. Cet amoureux de Prague sera donc devenu citoyen du monde.

« Mon foyer est là où j’écris ».

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La fuite de Kafka et autres nouvelles

La fuite de Kafka Johannes Urzidil



Dans ce court recueil (120 pages), sont regroupées trois nouvelles.



Dans la première, « la fuite de Kafka », l'auteur imagine que Kafka n'est pas mort en 1924, mais il a réussi à s'enfuir et a rejoint les États-Unis où il a fondé une famille et où il vit une vie tranquille de jardinier dans Long Island jusqu'au jour où un étranger se présente devant sa porte et lui affirme savoir qui il est.



Dans la seconde, « les état d'âme d'un juge » un juge lors qu'une promenade en voiture dans une forêt, trouve un homme agonisant sur le bord de la route au moment où il lui porte secours celui-ci meurt. Le juge remonte dans sa voiture pour aller chercher du secours dans la ville la plus proche. Mais alors qu'il a fait quelques mètres une voiture surgit de nul part s'arrête embarque le cadavre et disparaît. Et tout au long de l'histoire le juge se demande si tout cela était bien réel d'autant plus que le Shérif à qui il a relaté les faits semble fort perplexe.



Dans la troisième, « un ou deux détours par Bingham Street », une femme au volant de sa voiture tue par accident un petit garçon qui se lance sous les roues de son auto en courant après son ballon. Elle et son mari décide d'aider la mère de l'enfant, en la prenant à leur service (elle est veuve et à encore un enfant à sa charge et n'est pas très riche).



Dans le première c'est une biographie imaginaire de Kafka ou celui ci débarrassé de tous ces problèmes de santé et ces phobies vit une existence paisible entre la vente de ses légumes et les parties de cartes avec trois amis



Dans les deux dernières histoires les narrateurs se posent un nombre incalculable de questions sur le pourquoi et le comment de ce qu'il leur est arrivé. Était-ce bien réel, pourquoi ce jour là, était ce écrit, était ce le hasard. On se retrouve vraiment dans l'univers de Kafka et la fin de la troisième est vraiment surprenante je ne m'y attendais pas du tout.



J'ai bien aimé ce petit livre, je l'avais choisi un peu au hasard parce qu’il me fallait un auteur avec l'initiale U pour le challenge ABC, mais je ne regrette pas. C'était une découverte sympathique et j'ai passé un moment agréable à le lire.
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