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Citation de coco4649


POÈME DE LA QUANTITÉ


Je pense au ciel modique et puritain
avec ses feux déserts que chaque nuit
Emerson devait voir de ses fenêtres
dans sa Concord de rigueur et de neige.
Que d'étoiles ici ! bien trop pour l'homme.
L'homme ne suffit pas. Les innombrables
générations d'oiseaux et d'insectes,
de serpents, de panthères constellées,
de branches se tissant et détissant
sans fin, de grains de sable et de café,
tout grève nos matins, tout nous prodigue
un labyrinthe inutile et menu.
Peut-être est-elle unique devant Dieu,
cette fourmi que j'écrase. Il la veut
pour l'exécution des lois précises
qui gouvernent Son monde curieux.
S'il en était autrement, l'univers
serait erreur et chaos accablant.
Les miroirs de l'ébène et ceux de l'eau
et les miroirs ingénieux des rêves,
les lichens, les poissons, les madrépores,
au long du temps les files de tortues,
les lucioles d'un seul soir d'été,
les araucarias par dynasties,
les lettres au dessin bien profilé
de ce volume épargné par la nuit —
ne sont sans doute pas moins personnelles
ni moins énigmatiques que moi-même
qui les confonds. Juger Caligula,
juger la lèpre ? Non, je n'oserais.
                           Sao Paulo, 1970.

p.192-193
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