…la sieste, en général, c’était quelque chose de très étrange , un jeu inexplicable des adultes, une partie des choses qu’ils appelaient « importantes » parce que nous n’avions pas accès. Un après-midi, désireux qu’on m’emmenât le plus vite possible chez ma grand-mère, je me juchais sur une chaise et une caisse pour regarder la sieste de mes parents du haut de la lucarne de la salle de bains.D’abord je m’alarmai parce que je crus qu’ils étaient victimes d’une attaque qui les faisaient contorsionner à moitié nus dans la pénombre chaude de leur chambre, sous les draps. Puis je crus que mon père blessait ma mère , la tuait peut-être, et je fus sur le point de crier. Mais je m’aperçus que ce n’était qu’un jeu, parce qu’ils murmuraient des mots tendres.
Je descendis soulagé mais effrayé . Avec un autre genre de peur.