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Citations de José Donoso (11)


…la sieste, en général, c’était quelque chose de très étrange , un jeu inexplicable des adultes, une partie des choses qu’ils appelaient « importantes » parce que nous n’avions pas accès. Un après-midi, désireux qu’on m’emmenât le plus vite possible chez ma grand-mère, je me juchais sur une chaise et une caisse pour regarder la sieste de mes parents du haut de la lucarne de la salle de bains.D’abord je m’alarmai parce que je crus qu’ils étaient victimes d’une attaque qui les faisaient contorsionner à moitié nus dans la pénombre chaude de leur chambre, sous les draps. Puis je crus que mon père blessait ma mère , la tuait peut-être, et je fus sur le point de crier. Mais je m’aperçus que ce n’était qu’un jeu, parce qu’ils murmuraient des mots tendres.
Je descendis soulagé mais effrayé . Avec un autre genre de peur.
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Le mariage, au sens le plus strict, fut une cruelle désillusion pour Blanca : tout ce qui était jeu, attouchements, lèvres, rires, chatouilles, caresses se révéla magnifique par l'imagination et l'audace, puisque Paquito n'acceptait pas de limites à la jouissance tant qu'il s'agissait de la formuler en termes de batifolage pervers. Mais nuit après nuit, longues et silencieuses nuits, dans la grande chambre à coucher en satin qu'ils occupaient à la villa depuis que Casilda s'était installée ailleurs lors du mariage de son fils, le jeune marquis retombait, vaincu, au moment où son ardeur était sur le point de rassasier son appétit : c'était, hélas ! comme si toute cette dureté de fer de Paquito fondait juste au sommet du désir, humectant seulement l'extérieur de l'admirable fleur de chair que Blanca lui offrait si naturellement.
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Chepa qui ravalait ses larmes, ne put parler, elle ne fut capable que de bouger la tête, acquiesçant : pardonné, pardonné mille fois, tout le pardon que vous voudrez, car pardonner c'est être capable de tout donner à nouveau.
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L'odeur des empanadas emplit la maison, cette odeur de pâte chaude, grillée, d'oignon et de piment et le jus rouge de la viande bouillant dans l'enveloppe de pâte, réchauffe cette sacro-sainte odeur de dimanche depuis le début de la mémoire.
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Une... deux... trois.. quatre..
Non, trois. La dernière n'est pas la bougie d'une « petite chapelle», mais le reflet du phare de l’auto sur une boîte en fer-blanc jetée sur la voie du chemin de fer qui va au port. Mais elles continuent plus loin : quatre, cinq. On dit que ce sont des accidents dus au train. C'est faux. De l'autre côté grandit de plus en plus ce bidonville, un filet qui ramasse les gens que la ville rejette comme des détritus : un labyrinthe de briques crues, de pierres, de gravats, de boîtes en fer-blanc, de planches, de zinc, entassés n'importe comment en désordre, des gens qui arrivent avec des branches et des briques, les assemblent avec un peu de terre, les consolident avec quelques pierres et quelques clous, et alors une nouvelle cellule s'agrège à ce cancer qui ne cesse qui de croître. Plus loin une décharge publique. Plus loin encore le fleuve. Et encore au-delà, des tours d'émetteurs, de signalisation, des réservoirs de gaz et des lumières rouges qui bougent ou qui restent immobiles signalant quelque chose.
Chepa ne connaît ce bidonville que de jour et seulement sa partie extérieure, celle qui donne sur une rue qui vomit les habitants en haillons du bidonville et les disperse à travers la ville pour chercher du travail, pour voler ou pour s'amuser. Ce sont eux les âmes des morts des « petites chapelles ».
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L'auto, presque à son insu, s'est dirigée vers les rues bien connues qui deviennent de plus en plus étroites. Au-dessus des fils électriques apparaît le clocher des Sacramentinos. C'est apaisant d'entrer l'après-midi dans une église presque déserte : s'asseoir sur un des bancs du fond, l'odeur d'encens, quelque chose en or qui brille, la file des dévotes devant le confessionnal, on tousse et l'on s'emmitoufle, et le nasillement d'autres dévotes dans la nef. Un de ces jours elle y reviendra comme avant.
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Sur la terrasse, près des ramages,
on dirait un trémolo de lyres
si, caressant leurs soyeux plumages,
dressés, les blancs magnolias s'étirent.

La marquise Eulalia, toute miel,
cueille les faveurs de deux rivaux :
le blond vicomte friand de duels
et le jeune abbé des madrigaux...
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Alvaro Vives part de bonne heure tous les dimanches pour aller chercher les empanadas chez Violeta. Il aime le lent trajet toujours par les mêmes rues jusqu'à l'autre bout de la ville, non seulement pour la paix que procure une habitude ininterrompue, mais aussi parce que les empanadas de Violeta sont véritablement magistrales - un déjeuner dominical chez Chepa et Alvaro Vives, répètent les amis et parents invités, n'est pas un déjeuner sans les empanadas de Violetta : cette pâte parfumée, légère, et la farce juteuse, cuisinée avec un équilibre très étudié. Oui, après avoir mangé une empanada de la Violeta des Vives, à côté toute autre semble faite de chiffons mous et farcie d'un hachis puant le cadavre.
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Tout en parlant, le petit marquis portait les doigts de sa main gauche à son nez, il les humait en regardant Blanca du coin de l'œil. Celle-ci, consciente de ce qu'il faisait, s'efforçait de contenir son rire : elle lui permettait seulement d'affleurer à ses joues sous forme de charmantes fossettes. Casilda, irritée de voir ce que faisait son fils, le gronda :
- Cesse de tripoter ton nez en présence de tes amis. On ne dirait pas que tu as vingt ans, tu as gardé des habitudes de collégiens.....
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Mais quand Jeronimo entrouvrit enfin les rideaux du berceau pour contempler le rejeton tant attendu, il voulut le tuer sur-le-champ : ce répugnant corps noueux se tordant sur sa bosse, ce visage ouvert en un sillon brutal où lèvres, nez et palais étalaient l'obscénité des os et des tissus en une incohérence de traits rougeâtres... tout n'était que confusion, désordre, une forme différente mais pire encore que la mort.
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Les trente-trois cousins restèrent enfermés dans le parc, juchés sur les arbres et penchés aux balcons, agitant des mouchoirs pour les adieux tandis que les plus petits montraient un visage éploré à travers la palissade en fer, observant la cavalcade qui au bout d'un moment se perdit parmi les graminées qui ondoyaient dans le paysage plat jusqu'à l'horizon.
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