Il ( J. de Pierrefeu) pose tout de même une question vraie. Vraie, en ce qu'elle est venue à l'esprit de tous ceux qui ont assisté à la gloire d'Elissa Rhaïs.. Vraie en ce que ce succès -a priori- intattendu a eu, aux yeux de beaucoup, quelque chose d'inconvenant, un parfum d'imposture: une juive de plus de quarante ans, apparemment à moitié inculte (du moins selon les critères du bon goût français), c'est-à-dire au fond à moitié "arabe", que venait-elle faire dans ce jardin réservé à une élite auto-sélectionnée ? Comment ne pas comprendre le désir d'Elissa Rhaîs, à la sensibilité de qui ce sentiment confus n'a certainement pas échappé, d'avancer masquée...et donc son empressement à accepter la supercherie de l'éditeur qui lui sembla moins risqué que l'entrée en scène à visage découvert ? (p.26-27)
Elissa Rhaïs va alors mener une vie d'écrivain, c'est-à-dire partagée entre la production et le "monde". Elle reçoit Colette, Sarah Bernard, peut-être Paul Morand. Mais aussi des compatriotes exilés comme elle. (..)Elle est appréciée pour son hospitalité, typiquement orientale, son amabilité naturelle, son goût pour les gens simples, sa fidèlité en amitié. (p. 29)