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Citations de Joseph Danan (48)


Nous sommes emmenés sous le ciel aveugle. Le train plombé s'enfonce dans la nuit qui ne bifurque plus. Quand le mur, au bout, se déchire, il livre sa cargaison de chair. Poids de plume ou de plomb. Sueur. Sacs d'os. Morts et vivants confondus dans le même prix. Le mur derrière nous s'est refermé. Suture obscure du destin. Dans la puanteur et le grelottement, qui sont notre nouvelle maison, nous nous comptons; et nous nous racontons ce que furent nos vies, jadis, dans un monde lointain où le jour succédait à la nuit.
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enfants
nés d'une plaie incicatrisable
du ciel
anéantis d'être nés

fût-ce d'un ventre
le plus aimant
d'un désir partagé
qui jamais n'annulera
la cendre
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Voler n'est pas difficile. Il
faut courir très vite, puis
rabattre la jambe droite et ne
plus courir que de la jambe gauche.
On peut ensuite cesser com-
plètement de s'agiter. Quelle
joie alors de planer au-dessus
de l'allée et de la cime dorée
des arbres. Les dangers de
l'atterrissage. (à suivre)
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Nous errons dans les escaliers de l'hôtel, à la recherche d'une issue de secours. Mais les couloirs débouchent sur des caveaux de marbre peint ou s'ouvrent sur le vide. Nous descendons encore. Les portes au fond des couloirs ne s'ouvrent plus et les édifices mortuaires en trompe-l’œil continuent de nous refuser l'entrée qui nous sauverait. Bientôt, la trappe derrière nous rabattue, nous nous serrerons, assis sur nos valises, sous l'ampoule nue de la cave, fermant sur nos poitrines nos manteaux fatigués.
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Déferlement de cada-
vres en pyjamas. Ils
remontent par millions
aux portes du métro
et des grands magasins.
Faire de la place. Je veux
bien céder le pantalon,
mais pas la ceinture.
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et la crainte
à mesure
qui affleure
de rencontrer non le sens
mais le défaut de sens

*

mais il faudra bien un jour
dénouer ce qui est noué
une nuit
tard dans la nuit
au coin d'un feu intérieur
dans la confiance retrouvée

*

qu'est-ce qui te retient
d'entrer dans un café
et de te réchauffer
aux reines de la nuit

*

chaque pas
obscur
sur la neige
tremble au seuil de l'arrêt complet
de la victoire définitive du blanc

*

les lèvres s'habituent aux lèvres et
à l'absence de lèvres

*

éros
tapi dans les replis du rêve
dans les matins déchirants
dans les joues déchirées du soir
toujours en arrière ou en avant de moi
éros reviendra à travers la glace
je le fêterai comme il se doit
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Depuis que la bascule des années 1970, avec le reflux du brechtisme et de la prégnance des "grilles de lecture", lui a fait abandonner sa position de pouvoir, la dramaturgie se cherche dans le processus de déconstruction auquel elle a à s'affronter. Aggrave désormais cette crise le climat général de défiance à l'égard du drame, qui peut conduire la dramaturgie, au-delà du doute qui lui est constitutif (pour le meilleur) de son "état d'esprit", à une négation d'elle-même, y compris lorsqu'elle travaille sur des oeuvres dramatiques.
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Il faut prendre la "Dramaturgie" de Lessing pour ce qu'elle est, un moment décisif dans l'histoire du théâtre, sans perdre de vue qu'elle précède la naissance de la mise en scène et que ce sont celle-ci, son développement phénoménal au long du XXe siècle, et la conflagration provoquée alors entre le texte et ses mises en scène, entre le texte et la scène, qui obligeront à repenser la notion de dramaturgie.
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L'action se délite, s'émiette en micro-actions. Frappée de paralysie et d'impossibilité, elle va donner naissance au XXe siècle à de paradoxales dramaturgies de la non-action, dont le degré le plus bas d'étiage est atteint avec Beckett. Ces dramaturgies de la non-action sont encore des dramaturgies.
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Au théâtre, "parler, c'est agir", disait d'Aubignac, définissant par là le propre du drame.
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A quoi sert alors la dramaturgie? Elle délimite un cadre ou, pour mieux dire, un champ qui sera celui du jeu - dont Dort disait qu'il était "la chair même de la dramaturgie". Il disait aussi, citant Brecht, pour qui "la représentation seule importait", que la dramaturgie devait se consumer dans le "feu d'artifice" de la représentation. La dramaturgie doit se dissoudre dans le jeu et dans le geste de la mise en scène. S'y dissoudre en les nourrissant. De même, lorsque nous écrivons, nous n'annulons pas notre savoir mais nous l'oublions pour un temps. Celui-ci, qui constitue ce que nous sommes, doit "passer dans le sang" pour faire naître les formes imprévues de l’œuvre et agir là où gît son secret.
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[E]ntre ce refus de toute dramaturgie et une dramaturgie du "pouvoir", il me semblait essentiel de chercher aujourd'hui, pour le théâtre du moins, une voie médiane. Pour le théâtre du moins, car c'est la mise en tension des éléments de signification voire de signes (que jamais n'annulera complètement le rejet de la sémiologie) et d'un matériau livré avec le moins possible de sens imposé, qui me paraît fructueuse.
Ce qui est en jeu, c'est la part respective de directivité induite par le travail de l'artiste et de liberté du spectateur.
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Cette prise en compte de l'émotion comme valeur primordiale, en ce qu'elle met la pensée en mouvement, Marie-Madeleine Mervant-Roux ne cesse d'en rappeler l'importance lorsqu'elle cherche à définir ce qui va autoriser "l'action herméneutique" du spectacle sur les spectateurs, ou de la salle sur le spectacle. Or, "il y a émotion", dit-elle, "lorsque le sens déborde".
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La musique elle-même est un art qui est pris entre une rationalisation à laquelle, par nature, elle résiste, et un ordonnancement dont la réception est émotionnelle.
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Gertrude Stein avait dès les années 1930 avancé le terme de "pièce-paysage" pour désigner son propre théâtre, qui se déploie dans le champ ouvert par cette oscillation (entre arts plastiques et musicalité). Avec Stein, on bascule résolument du côté du texte-matériau, hors du champ du dramatique.
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Peut-on cependant tenir pour acquis qu'un roman ne comporte pas de dramaturgie ? Puisqu'on peut parler de dramaturgie d'un film, d'un match de football, voire d'une oeuvre musicale, il est clair qu'un roman, dans la mesure où il organise une action, ordonne un espace et une temporalité, invente des personnages, obéit à une "dramaturgie". Si les guillemets s'imposent ici, c'est que ces emplois du mot sont métaphoriques. Je dirais que pour qu'il y ait dramaturgie, il faut que soient mis en jeu (et en relation) trois termes, ou trois forces : l'action, la pensée... et le théâtre. Pour qu'il y ait, sans métaphore, dramaturgie, il faut donc qu'il y ait organisation de l'action "en vue de la scène". Peut-être est-ce cela l'"activation de l'action", qui propulse celle-ci simultanément sur ses deux terrains de jeu : l'action représentée, l'action de représenter.
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Concernant la mimèsis, la question du personnage est nodale. Tant que du personnage (si affaibli lui aussi, si falot, si déconstruit soit-il) est possible, c'est qu'il y a un tant soit peu de mimèsis qui naît de ce que l'on voit sur scène, ou s'y accroche. Mais quand le danseur n'est qu'un danseur, le performeur un performeur, leurs actions ne renvoient qu'à elles-mêmes, sans mimèsis. C'est en ce point que la dramaturgie se fait véritablement problématique. Car elle concerne un travail de l'imaginaire dont l'histoire du théâtre nous a habitués à ce qu'il soit lié, plus encore qu'au drame, à la mimèsis comme matériau et possibilité même de l'imaginaire. Que serait donc une dramaturgie qui ne puiserait pas son langage dans les figures de la mimèsis ? Cette question concerne un grand nombre de productions scéniques actuelles, celles qui appartiennent à la galaxie postdramatique ou, pour mieux dire, adramatique.
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L'art, dit Cage, devrait être "une action dans la vie".
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Au théâtre, "parler, c'est agir", disait d'Aubignac, définissant par là le propre du drame.
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Ces dramaturgies de la non-action sont encore des dramaturgies. Elles organisent la non-action comme les dramaturgies du passé organisaient l'action. [...] le niveau le plus profondément affecté est celui de l'action d'ensemble (celle qui émanait de la fable et/ou s'organisait en intrigue). Il est plus que fréquent toutefois, lorsque l'action d'ensemble a imposé, que subsistent des micro-actions, notamment dans le jeu de la "parole-action", et des actions de détail (la séquence, le fragment).
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