Alors on nous désentrave et nous sommes prêts à partir, je vais à nouveau changer de terre et de vie, les hommes ne nous laisseront donc jamais en paix, ils ne songent qu'à nous déplacer, nous acheter et nous vendre, nous charger et nous décharger. Mais eux que fuient-ils ? La guerre, la peste, la ruine ? Ils ont l'air si pressés de partir — leurs peaux hâlées et épaisses, leurs cheveux longs et poussiéreux, leurs paupières lourdes. Ont-ils bouclé leurs malles à la va-vite alors que le ciel s'assombrissait, rattrapés par des dettes ou de vieilles querelles ? À moins qu'éternels vagabonds ils soient incapables de se fixer, de s'installer. Ou qu'ils aient pris la route poussés par une lassitude devenue trop vive, parce que rien ne les retenait et alors à quoi bon rester.