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Citation de HordeDuContrevent


Il y avait le bruit des sirènes et cette odeur de cheveux qui brûlent, de graisse qui frit dans une poêle, de vêtements humides malencontreusement roussis par le fer. C’était une erreur d’avoir laissé la fenêtre de la chambre à coucher ouverte, car l’odeur imprégnait l’air : une odeur suffocante, une odeur granuleuse, une odeur qui piquait les yeux comme du sable soulevé par le vent. Une odeur comme les résistances de la plaque chauffante quand la bouilloire de Gladys, dont l’eau s’était évaporée à son insu, fondait dessus. Une odeur comme les cendres des éternelles cigarettes de Gladys et les brûlures sur le linoléum, sur le tapis à motifs de roses, sur le grand lit à tête de cuivre et oreillers en duvet d’oie partagé par la mère et la fille, cette odeur caractéristique de roussi des couvertures et des draps que l’enfant reconnaissait instantanément, même endormie ; une Chesterfield tombée de la main de Gladys alors que, lisant au lit tard dans la nuit, lectrice obsessionnelle et insomniaque, elle glissait dans un sommeil léger pour être réveillée, de façon aussi brutale qu’inexplicable, à ses yeux, par une étincelle qui brûlait oreiller, draps, édredon, qui donnait parfois de véritables flammes, éteintes frénétiquement avec un livre ou une revue ou, une fois, un calendrier Our Gang décroché précipitamment du mur, ou martelées par les propres poings de Gladys ; et si les flammes s’entêtaient, Gladys se ruait en jurant dans la salle de bains pour y remplir un verre d’eau et le jeter dessus, en mouillant les draps et le matelas… « Bon Dieu ! Et puis quoi encore ! » Ces épisodes avaient un rythme de farce bouffonne d’avant le parlant.
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