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Citation de SZRAMOWO


À cette époque-là, les chemins changeaient peu. À cela près de quelques ornières que le poids des charrettes gravait, comme une ride de plus, sur une vieille surface, ou encore de quelque effondrement de terrain, ici ou là ; de quelque mare survenue entre deux pentes et dans laquelle l’ocre et la glaise se dissolvaient tristement en silence, les chemins restaient de longues années ce qu’autrefois on les avait vus.
À travers les incertaines et fraîches brumes de ce jour baissant, Jean Sombreval reconnaissait jusqu’aux cailloux contre lesquels il avait buté dans sa jeunesse, mais il ne s’arrêtait pas à les contempler, en rêvant. Il marchait vite : le fermier du Quesnay pouvait être couché — car c’était la saison de l’année où, dans les fermes, on se couchait avec le jour. — Et puis, il y avait peut-être une raison pour qu’il fût bien aise d’avoir dépassé un certain point de la route qu’il connaissait bien…
Ce point, il allait y toucher tout à l’heure. C’était un petit tertre de gazon, placé au centre de trois chemins qui s’entre-croisaient, et sur lequel s’élevait jadis une croix en carreau, — sorte de pierre blanche et tendre, particulière au pays. Quand il était jeune et fervent, il avait prié devant cette croix. Il s’était beaucoup agenouillé au pied, dans ce temps où son âme était blanche comme elle.
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