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Citation de marijardin


M Stanislas Boutardin était le produit naturel de ce siècle d'industrie; il avait poussé dans une serre chaude, et non grandi en pleine nature; homme pratique avant tout, il ne faisait rien que d'utile, tournant ses moindres idées vers l'utile avec un désir immodéré d'être utile, qui dérivait en un égoïsme véritablement idéal; joignant l'utile au désagréable, comme eut dit Horace; sa vanité perçait dans ses paroles, plus encore dans ses gestes, et il n'eût pas permis à son ombre de le précéder; il s'exprimait par grammes et par centimètres, et portait en tout temps une canne métrique, ce qui lui donnait une grande connaissance des choses de ce monde; il méprisait royalement les arts, et surtout les artistes, pour donner à croire qu'il les connaissait; pour lui, la peinture s'arrêtait au lavis, le dessin à l'épure, la sculpture au moulage, la musique au sifflet des locomotives, la littérature aux bulletins de Bourse.
Cet homme, élevé dans la mécanique, expliquait la vie par les engrenages ou les transmissions; il se mouvait régulièrement avec le moins de frottement possible, comme un piston dans un cylindre parfaitement alésé; il transmettait son mouvement à sa femme, à son fils, à ses employés, à ses domestiques, véritables machines-outils, dont lui, le grand moteur, tirait le meilleur profit du monde.
Vilaine nature, en somme, incapable d'un bon mouvement, ni d'un mauvais, d'ailleurs; il n'était ni bien, ni mal, insignifiant, souvent mal graissé, criard, horriblement commun.
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