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Citation de nineentreleslignes


Jusqu’où pouvait aller la mémoire humaine ? Où commençait sa part d’oubli ? Y avait-il des limites collectives que l’esprit pouvait faire céder ? A quel prix ? Toutes ces questions n’appelaient plus de réponses. Assim n’en avait plus besoin. Il allait de ruines en ruines avec à la main un cahier défait. Il notait, traçait des chiffres sur les façades des murs écroulés, parfois avec des grosses lettres de cancre, parfois avec une écriture fine et nerveuse.
« Ici a vécu Waël Khalil, il aimait le foot et les chats » Un peu plus loin, il recommençait. « Ici, Fadwa Charaf avec ses enfants Fares et Mouna, ils faisaient du vélo dans la rue et criaient dans la descente. »
Sous le ciel sans tain, Asim gravait des dates, des noms de famille, des lieux de naissance parfois. Comme si, à sa manière, il essayait de poursuivre les travaux de Taym. Le retournement fut complet et monstrueux : après avoir oblitéré pendant longtemps ceux qui étaient partis, il avait fait de la disparition et de la perte l’unique grammaire de sa pensée. Il parlait la langue des morts, des évanescents, et il organisait la réalité autour du trou de leur absence.
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