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Citation de dourvach


[Anton TCHEKHOV, "La Steppe"]

Rien de plus admirable dans "La Steppe" de Tchekhov, que la justesse avec laquelle est rendu l'émerveillement passif, sur fond d'insécurité vague, du jeune enfant séparé pour la première fois de sa famille, qui va passant de main en main par le vaste monde, et qui dort dans des lits étrangers. La fraîche violence, la singularité discontinue de son odyssée : visages, conversations, intempéries, paysages, sont presque celles du rêve, mais gardent une nuance d'agressivité à la fois enivrante et inquiétante : le monde s'y jette sur nous à l'improviste, dans cette seconde naissance qui nous arrache, nus et exposés, au cocon familial. Le vieillissement n'est rien d'autre, dans une vie, que l'accroissement continu des constantes sans nouveauté aux dépens de la fraîcheur de l'éventuel : dans "la Steppe", cet éventuel qui se jette à chaque instant à la traverse domine tout, et dispose encore d'un pouvoir de happement instantané : à chaque instant la conscience est comme engloutie par des images neuves. "

[Julien GRACQ, "En lisant en écrivant", librairie José Corti (Paris), 1980]
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