Les halos n'offensent point nos regards d'adultes,
Trop indifférents à la magie des lumières ;
Les rayons dissipent pourtant fard et tumulte,
D'une toile où l'aube est bien plus qu'une prière.
Dernier message
Les années et les saisons,
Enchainées avec constance,
Ont achevé l’antique tronc,
Dans l’oubli et le silence.
Une existence dépourvue d’illusion,
Sans se préoccuper du temps,
Comme un joyeux fanfaron,
Ignorant les grognements.
Balayé par la pluie et le vent,
Le patriarche a longtemps résisté.
Mais les orages et les nuits de tourments,
Ont eu raison de sa volonté.
Les bras levés vers ciel,
Sans atteindre les nuages,
Il ose un geste providentiel,
Un dernier message.
La nature reprend ses droits,
Sur l’histoire, la mort, le destin.
Les pousses se dressent déjà comme des croix,
La relève supplante le chagrin.
Un impénétrable avant-goût de renouveau,
Confirme mes regrets, ma proche évasion,
Vers des berceaux aux silhouettes de tombeaux.
Les fidèles jurent et visent le pardon,
Dans un vaste monde, abattu et famélique ;
Je n'ose composer un timide horizon,
Ma fichue liberté restant hypothétique.
SUR LE QUI-VIVE
Comme une couverture épaisse et solennelle,
La voûte s'abat sur les langueurs de l'ennui,
Déroule ses tentures de terne flanelle,
Dévoilant des ombres au visage de suie.
L'amène symphonie s'enlise dans le fiel,
Sillonne les limbes, dans l'ennui, l'ignorance ;
Véritable tranchée, sans horizon, ni ciel,
L’inconnu projette un futur déjà trop rance.
NUANCES
Toutes les teintes que nous croyons perceptibles,
Les auréoles de flammes et d'étincelles,
L'enchantement des innocentes citadelles,
Ne sont que caresses de reflets indicibles.
NOUVEL ENVOL
Assumer le destin en recrachant l'ivraie,
Dans un dernier élan, une petite mort ;
Relever la tète tout en pansant mes plaies,
Devenir un géant, se montrer bien plus fort.
S'extirper des ombres, gouffres fantomatiques,
Refouler la honte avec un réel désir ;
Mes pensées funèbres, concubines cyniques,
Se rompent en lambeaux, désertent le navire.
Mon âme fidèle s'extirpe de sa mue,
Écarte la peine, diffuse son aura,
Les formes chahutent, dévoilent une issue.
Une renaissance dans l'émoi, la douleur,
Un enfant affolé par tout ce brouhaha,
Un printanier envol sans amis et sans peur.
Les anges ont cette douteuse faculté de donner de l'espoir.
Imiter le diable ne fait pas de nous des démons.
Le silence fait rougir, pas la peur.
Une vie sans rêves, c'est comme un chagrin sans larmes.
La Mort ne pardonne pas, elle efface.
Accepter les inégalités, c'est accepter les guerres futures.