Juliette Tournand

Tout collectif abrite une aspiration à la coopération interne. Humains, nous sommes irréductiblement des animaux sociaux. Malgré toutes nos imperfections, nous sommes même les plus sociaux des animaux sociaux, les plus capables et désireux de coopérer. Même dans une équipe divisée, chacun rêve de vivre le fameux esprit d'équipe. Amorcer la rencontre sur le cap stratégique, créer le terrain de la coopération et conduire le mouvement sur le cap dans les calmes et les turbulences est le rôle du chef. Parce qu'il est extérieur au groupe et en relation directe avec lui, il est le plus à main pour le faire. Embrasser ce rôle, c'est bienveillance pour ses collaborateurs et bienveillance pour soi. Le collectif coopère avec celui qui l'assure et il s'accomplit en devenant une équipe confiante, fluide, inventive, performante, exaltante.

L’Orestie est une chasse gardée où je suis entrée, sans le savoir, par effraction. Il n’était pas prévu qu’une petite fille demande inlassablement à son père le récit du « drame de l’angoisse ». Ni qu’elle cherche sans relâche à en percer les mystères.

Vous saurez d'autant mieux écouter l'autre avec bienveillance que vous vous serez familiarisé avec les quatre questions du mouvement vers soi : besoins, qualités, objectifs et rêves, les repères sont les mêmes. S'entraîner à se les poser à soi-même et à écouter ses propres réponses prépare à écouter l'autre, tout en se souvenant que nous n'avons pas qualité à répondre à la place de l'autre ou savoir mieux que lui ou elle ce qu'il veut dire. Mais à lui demander de le préciser, voire à l'aider à le formuler.

Bienveillance, réciprocité, clarté animent la stratégie vainqueur dans le tournoi des rencontres.

Elle s'attaque à sa manière souriante et tranquille à l'une des vaches sacrées du pouvoir moderne : le croyance que dans toute situation il y a un gagnant et un perdant, que la vie est une jungle, que seuls s'en sortent les vainqueurs aux dents blanches et aux mâchoire d'acier. C'est de ces racines frelatées que repart Juliette Tournand pour dynamiter tranquillement ce mythe, démontrant que les rapports dans la nature sont essentiellement placés sous le signe de la coopération et que seuls, le discours économique post-moderne et ses visées de profit à court terme ont su produire une culture où le mot " gentil" est considéré comme une insulte.

Je n'ai pas voulu ça, mais une fois dedans il fallait faire avec.

Quand l’homme de terrain en déroute ose poser au capitaine une question insolite : « comment se tient-on ? » ; quand le capitaine reste assez attentif pour recevoir la question et répondre : « debout » avec le sourire qui permet de se redresser ; quand l’homme de terrain transforme ce sourire en victoire et fait de son capitaine le premier, en équipe de France, à remporter deux fois la Coupe Davis, la série de coopérations verticales est allée plus loin que d’habitude.

Il affirme que «celui qui sait quand combattre et quand ne pas combattre
connaît les voies de la victoire». Mais quand engager le combat, quand
s’abstenir? Les réponses de maître Tsu à cette question cruciale et quasi
quotidienne sont soit triviales, soit trop métaphoriques pour que je puisse
les exploiter.

Tout le monde oppose compétition et coopération, sauf les meilleurs compétiteurs.

Pour s'éveiller, la coopération du groupe et l'esprit d'équipe ont besoin d'avoir des chances de réussir.
Pour avoir une chance de réussite, le groupe a besoin d'un objectif clair, ambitieux et réaliste : calibré pour la réunion.

Le collectif coopère avec celui qui l'assure et il s'accomplit en devenant une équipe confiante, fluide, inventive, performante, exaltante.

Bienveillance n'est pas sacrifice.