#resolution2020 World on our shoulders - June Caravel I Soul Pop Version
Ça n’avait rien à voir avec un coup de foudre... C’était totalement animal. C’était comme s’il m’attirait à lui en secrétant je ne sais quelles phéromones auxquelles j’étais incapable de résister... Mon corps semblait d’ailleurs comme envoûté, tout d’un coup pris d’une volonté propre. J’avais non pas envie, mais un besoin féroce de me rapprocher de lui, de le toucher, de l’embrasser. Cela me fit peur. Du désir pour des hommes, j’en avais eu, oui, mais une telle envie irrépressible et même presque incontrôlable d’un inconnu, jamais.
— Mais ça fait quoi au juste un chamane ?
— Ça guérit les âmes et les maladies. Écoute, ne prends pas trop au sérieux les menaces de mon cousin. Il est dingue de toi depuis qu'il t'a vue débarquer ici et il se venge en essayant de te faire peur parce que tu refuses ses avances, mais vraiment, il est inoffensif.
Éric la regarda comme s’il était en train d’admirer un tableau. Il lui fit un sourire un peu trop large à mon goût... Je sentais une jalousie diffuse s’emparer de moi. Puis, je me rappelais de ce que je m’étais dit devant la glace. Les gens jaloux sont ceux qui n’ont pas confiance en eux. Et je ne voulais pas être jalouse. Je voulais être confiante. C’était plus facile à dire qu’à faire... Ça n’était pas parce que je l’avais décidé que tout d’un coup, je m’étais transformée en une femme parfaitement sûre d’elle. J’étais juste plus consciente de la direction vers laquelle je devais tendre... Je me rassérénais en me disant qu’Éric était là pour moi... Même si j’espérais que la malédiction n’allait pas s’abattre une fois de plus et qu’il n’était pas en train d’avoir un coup de foudre pour Luana ou même ma voisine !
Les esprits sont parfois malins et veulent autre chose en échange de ce qu'ils ont accordé. Crois-moi, c'est mieux de laisser les choses ainsi. Et puis, ça n'est pas si horrible, tu peux quand-même te passer d'amours de vacances, non ?
— Disons que ça n’est pas juste chiant quand en vacances un mec me passe à côté. À chaque fois que je pars en vacances, mes histoires d'amour finissent avant que je parte. Donc je suis condamnée à ne plus jamais partir en vacances... Ou alors... Ou alors à braver la malédiction, mais tu as dit qu'il se passerait une grande catastrophe si je le faisais.
— Effectivement.
— Mais de quel genre ?
— Ah ça, seuls les esprits le savent. Ça pourrait être n'importe quoi. Une tempête, un tsunami, un incendie, un accident. Je n'ai pas été très précis quand j'ai demandé une catastrophe.
Je ne peux défaire ce qui a été fait. Et crois-moi Julia, je m'en veux depuis 14 ans d'avoir réagi de la sorte. Je me suis senti rejeté, la risée de tous et vexé ce soir-là. Je ne sais pas ce qui m'a pris, ça a été plus fort que moi. Je n'ai pas réfléchi.
Pour l’instant, je me sentais protégée, dans ma bulle tant que seuls des billets doux étaient échangés, mais pas encore des paroles. C’était un petit peu comme quand on s’échange des e-mails sur un site de rencontres avant de se rencontrer pour boire un verre. On sent qu’on peut se dire plein de choses, même très intimes, mais on est protégé par l’écran interposé.
J’avais été avec un homme marié. J’avais violé toutes mes règles en une seule nuit ! En temps normal, j’évitais comme la peste tous les hommes pris. Ça ne causait que des problèmes. Pire : il avait profité de la situation. Étais-je la seule avec qui il avait trompé sa femme ou bien était-il coutumier du fait ? Je ne le savais pas et ne voulais pas le savoir.
Ce qui m’avait toujours manqué, c’était la confiance en moi. Je connaissais des filles qui n’étaient pas terribles, mais qui étaient sûres d’elles, et cette attitude agissait comme un aimant sur les hommes. Et pourquoi diable n’arrivais-je pas à être comme elles ? Pourquoi est-ce que je ne me sentais jamais assez belle ou pas à la hauteur ?
Il est marié et il ne m’avait rien dit... Tu te rends compte ? J’ai fait à une autre femme, ce que je ne voudrais jamais qu’on me fasse...
« Mon fantasme était un refuge où je ne serais jamais déçue, alors que la réalité par contre … »