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Citation de Woland


[...] ... Un vœu dès longtemps caressé et des jouissances inconnues d'autrui étaient enfouies au plus profond du cœur du jeune maître. Quand la pointe de ses aiguilles pénétrait les tissus, la plupart des hommes gémissaient de douleur, incapables d'endurer plus longtemps le martyr des chairs tuméfiées, cramoisies, gorgées de sang ; et plus déchirantes étaient les plaintes, plus vives était l'indicible jouissance qu'étrangement il éprouvait.

Il avait une prédilection marquée pour deux techniques réputées particulièrement douloureuses : le tatouage au cinabre et le tatouage à coloris dégradés. Quand, dans une seule journée, après avoir en moyenne subi la perforation de cinq ou six cents aiguilles, on ressortait du bain chaud destiné à aviver les couleurs, c'était pour s'abattre à moitié mort aux pieds de Seikichi, où l'on restait un bon moment incapable du moindre mouvement. Et lui, contemplant d'un œil glacé la forme misérable, ne manquait jamais de dire avec un sourire de satisfaction :

- "Vrai ! Ce que vous devez avoir mal !"

Quand il avait affaire à une poule mouillée qui, toute honte bue, tordait la bouche et serrait les dents comme à l'agonie en poussant des petits cris de détresse, il lançait :

- "Tu es pourtant un gars d'Edo ! Prends ton mal en patience ... C'est bien connu qu'elles font atrocement mal, les aiguilles de Seikichi !"

Et tout en jetant des regards de coin sur la face ruisselante de larmes, il poursuivait comme si de rien n'était ses perforations ou encore, si quelqu'un était assez maître de soi pour tout supporter sans broncher, sans un seul froncement des sourcils, il riait en découvrant ses dents blanches.

- "Oui, oui, tu veux te donner des airs de dur ... mais tu vas voir : ça va se mettre à t'élancer si fort que tu auras beau faire, tu ne pourras plus y tenir !" ... [...]
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