"Plus jeune, j’avais toujours laissé aux autres l’idée saugrenue de vie en couple, qui franchissaient à mes yeux ce cap avec une utopie que je trouvais malsaine. Sans doute imaginaient-ils qu’au soir de leur existence, ils pourraient la sublimer d’un : « Quel bonheur que cet amour que nous avons partagé ! ». Très peu pour moi. Il doit en falloir des concessions pour se cacher la réalité de la vie en binôme, pour oublier les silences étirés, les heures d’ennui, la jouissance simulée, les incompréhensions, les mystères insondables de l’autre. Les feux de la passion ne peuvent que s’éteindre dans le néant de la routine, causant naturellement la dissolution du couple. Alors l’expédition reprendra de plus belle avec une nouvelle personne à bord. Un autre équipage, supposé meilleur que le précédent, mais pour une répétition tellement prévisible. La solitude que l’on apprécie, puis que l’on fuit ; la passion ; les plaisirs ; l’espoir ; les promesses ; les engagements ; les discordes ; les réconciliations… Pour, finalement, se diriger main dans la main vers des lendemains de plus en plus ternes." Un poisson rouge aura toujours faim.
La forêt était d’une beauté incomparable. On la sentait encore sauvage, presque vierge. En dehors du sentier fait de marches, il aurait été difficile de se déplacer au milieu d’arbres immenses aux troncs épais et des énormes et magnifiques rhododendrons en fleurs. Être seule me plongeait dans une toute autre ambiance. Autour de moi, tout n’était que silence, silence seulement rompu par le craquement d’une branche, la fuite d’un petit animal parmi les broussailles ou le chant d’un oiseau…
J’avoue aimer les femmes, mais une sélection est toujours effectuée. Je les apprécie élancées, sans tomber dans la maigreur ; enjouées, mais réservées au besoin, jolies, mais dotées de charme. Finalement, tout n’est qu’une question d’équilibre. Je me considérais en quelque sorte, comme un esthète de la beauté féminine ; rien d’original. En réalité, je me savais assez pitoyable.
" J’écris sur la terrasse du gîte. Mon stylo danse au rythme des vagues se mêlant au bêlement de chèvres invisibles et à la musique d’une légère brise qui fait chanter les palmiers de noix de coco. La vie ici semble paisiblement s’écouler, sans question superflue." Échappée en Inde