Citations de Kama Sywor Kamanda (75)
Nuit africaine
La nuit étend son voile bleuté
Sur la forêt équatoriale...
Partout, le silence sert d'écrin
Aux cris stridents des singes sacrés,
Et aux feulements graves des fauves
Étreignant la vie des gazelles...
Dans la savane, le murmure du vent
Charme le génie de la nuit.
Porteur des promesses d'une aube nouvelle
Aux herbes couvertes de rosée.
Bientôt luira la vie,
Et ses enfants couleur de nuit
Jailliront au bonheur D’être noirs...
(Extrait du livre « Le canari m’a dit » contes et poèmes d’Afrique)
Paix
[à Neslon Mandela]
Quel est donc ce cri de révolte
Qui annonce ma bravoure?
Les cendres de nos morts laissées aux vents,
Aux pluies, aux sables et aux boues
Témoignent de notre désarroi.
Sacrilèges et sacrifices, nous avons connu
La profanation d'ultimes séjours
Qui marquent l'effacement de nos mémoires.
Oeuvre poétique, p. 25
Courage, il faut apprendre à ne pas exiger des autres ce qu'on n'est pas capable de réaliser soi-même.
Le conte du petit chimpanzé
Il était une fois un petit chimpanzé qui rêvait d’imiter les Hommes.
Il s’aperçut notamment qu’ils avaient des fermes remplies de bétail et rêvait de faire comme eux.
Un jour, s’apercevant qu’une antilope dormait auprès de son arbre, il s’avança et lui passa une liane autour du cou. Mal lui en a pris : l’animal se réveilla, se mit à courir dans la savane, emportant le petit singe qui s’accrochait à la liane.
Rien ne sert de vouloir ressembler à plus fort que soi, semble nous dire Kama Kamanda, au risque de s’exposer à de terribles désillusions.
Sous les branches, le soleil avait labouré des clartés éphémères. La clameur des manguiers se mêlait aux cris des enfants. Les arbres à pain cernaient les maisons du village et se balançaient au vent.
p. 77
La transhumance des mots d'amour
L'espérance du bonheur plane et voltige,
Sur les champs du songe
[...]
C'est l'instant magique où l'amant,
Oubliant ses soucis,
Abandonne ses pensées à la vie
Et laisse son coeur s'envoler
Vers les insondables énigmes
Du désir amoureux.
Kama Sywor Kamanda, Oeuvre poétique, p. 24
Des années durant la princesse et le génie de la forêt se promenèrent ensemble dans la nature et il naquit entre eux un véritable amour. Mais ils pleuraient si souvent d'être tellement différents qu'ils décidèrent d'aller trouver un guérisseur : -- Je ne puis vous délivrer de votre passion, dit le vieillard, mais je peux, en revanche, rapprocher vos deux natures. [...] Tu vas pleurer des larmes de sève, car je sculpterai dans ta chair d'ébène un corps d'athlète, une stature de grand guerrier. Mais au bout de la douleur sera la joie d'aimer.
« Le guerrier d'ébène », Contes africains
Pour moi, la franchise d'une amitié se mesure par des gestes attentifs et fréquents. L'amitié est faite d'actes, d'attention et non de paroles trop souvent vaines!
p. 90
L'astre au-dessus des nuits narcissiques
Qui marche sous l'herbe du temps des rêves
Précédé de tes ombres en rivages du destin
Tu brilles, curieux, au rythme de nos voluptés
Résolu à clarifier les origines
De la pudeur dorée de nos regards envieux.
L'abri que l'agonie prédestine aux émois
Est fleuve d'éclairs sur les lieux de nos solitudes.
Aux creux de l'âme
Maintenant, nous avons nos doutes pour pleurer.
Quand les identités et les années
Se perdent dans le sable,
Nos villes moroses
Se parfument de roses
Déposées sur les tombes.
Nos maisons hantées
Par de longues solitudes
S'ouvrent aux vagues de l'amour,
Aussi abondantes qu'une mer des adieux.
Les offrandes amères
Peuplent les sphères de nos ambitions.
Nous cherchons nos racines
Comme d’autres des vérités cachées.
Maisons hantées
L'immigration est le propre de l'homme!
L'amour est la passion la mieux adaptée pour lire dans l'âme;mais son halo sans l'intelligence du coeur peut conduire à la confusion des sentiments.
Les passions incomprises façonnent dans la vie des hommes un espace de doute, de méfiance et de malentendu...
Les grands esprits sont ceux qui savent reconnaître en toute intégrité les individus qui par leurs dévouements et sacrifices contribuent à l'épanouissement de l'homme universel. KAMANDA Kama Sywor. Babelio est un exemple !
La vérité comme une quête de justice est une exigence morale aussi vitale que la liberté pour les gens intègres et engagés.
Le ciel est en manque de tendresse,
La terre, d'offrandes spirituelles.
Crépuscule d'idées vacantes à l'horizon croisé,
la terreur annexe ton royaume
À l'univers de morts.
Le prédicateur scandait :
“ Mort aux poètes ! Mort aux hommes libres!
Qu'on les pende ! Qu'on les muselle!
Qu'on leur coupe la langue, les nerfs.
Qu'on leur enlève la pensée, le sexe et la parole
Pour les priver d'identité !”
Ô goût de l'absurde, le soleil éteint,
L'espoir s'ensevelit dans les sables.
La légende est close
Dans le microcosme poétique.
Équilibre des mélodies mêlées.
La parole est prise.
Les mots désertent ta langue
Et la défaite des idées
Délivre les images corrompues.
La fin épurée de tes sanglots
Transgresse l'innocence de mes saisons.
Le dieu du refus est en déclin.
Le crime longtemps égaré
Dans la trêve des apparences
Surgit sur les cimes
Marquées de nos présences.
O folie, rame aux harpes de l'absurde.
Le silence me guette
Sur les lèvres de l'absence.
Lève le vent en ton âme,
Balaie les remords inutiles
Et dépoussière tes rêves !
Retrouve l’amour dont l’écho
Fait vibrer les versants de la montagne
Et cache sa flamme au fond de ton coeur !
Ramasse ton destin tombé dans les sables
Et renouvelle son souffle avec ta foi;
Tu seras le jardinier de ton bonheur !
Je désire t’inspirer l‘amour, ma tendre amie,
Car nos rêves s’enlisent dans l’angoisse.
Nos regards se croisent dans une même espérance !
La peur de la solitude rapproche nos destinées
Que mes mots, telle une étincelle
Au fond de la braise,
Rallument en ton coeur
Qui doute la flamme du renouveau.
La vie coule en toi, loin de ses sources premières !
Impatient de l’emporter dans le futur.
Je m’apprête a unir ton sang au mien
Pour alimenter d’innombrables rivières et chutes !
Ma pensée partout t’accompagne !
Je t‘offre en présents mon temps à venir,
Ma tendresse et ma confiance.
Qu’importe si tu es riche et adulée,
Et moi, pauvre et poète ?
Seule la beauté intérieure apporte la félicité
Et les vrais sentiments anoblissent les jours.
Que la lumière de vérité apaise ton âme !
Je me fais un devoir de dissoudre
Tous tes tourments dans mon sang !
Lire c'est chercher la vérité de l'esprit.