Karin Alvtegen

Le barman servit Eva et ils s’installèrent sur leurs tabourets, lui les genoux tournés vers elle et elle les bras posés sur le comptoir […] Dans la glace placée derrière le barman, elle vit que Jonas l’observait toujours. - Est ce que je peux risquer un compliment? - Bien sûr je vous en prie. […] - Savez vous que vous êtes la seule, ici, à avoir l’air vraiment vivante? Elle éclata de rire et but une nouvelle gorgée. […] - Riez si vous voulez, mais je ne plaisante pas. C’était un compliment dans ma bouche. Il y a de la tristesse dans vos yeux, mais vous avez un coeur qui sait aimer cela se voit. […] Son coeur était aussi noir qu’une cave dépourvue de soupirail. Aucun amour ne pourrait plus y survivre. Mais là, elle était assise dans un bar de Gamla Stan avec ce Jonas qui avait dix ans de moins qu’elle et parlait comme un mauvais poète, mais la regardait avec un désir extrême dont elle faisait l’expérience pour la première fois. Elle eut envie soudain qu’il la touche, qu’il perde tout contrôle et laisse libre cours à cette faim qu’elle lisait dans ses yeux. Qu’il prouve qu’il ne pouvait lui résister. Qu’elle méritait cet amour. L’alcool lui donna le courage nécessaire. Elle se tourna vers lui, tout en le regardant, posa sa main sur la sienne et lui demanda: - Tu habites loin d’ici?