D'ailleurs, elle eut vite l'impression qu'on l'écartait, que les Français ne tenaient pas à mesurer la gravité de la guerre dans les regards hébétés de ceux qui revenaient des camps. Le visage et le corps émaciés de Liliane renvoyaient ses compatriotes à leur impuissance, à toutes les compromissions dont ils s'étaient rendus coupables pendant les années d'Occupation, à ces horreurs qu'ils refusaient de regarder en face comme si feindre de ne pas les voir pouvait les effacer à jamais.