Pour ma première lecture de l'année, j'ai choisi un roman de
Karine Lebert, une auteure que j'affectionne énormément et qui ne me déçoit jamais. Il me reste encore quelques pépites à découvrir, j'ai opté pour ce roman sorti en 2012 et quelques lignes m'ont suffit pour savoir que j'allais aimer cette histoire.
Nous sommes en juin 1940, à Cayeux-sur-Mer dans la Somme, la famille Saurel a décidé de prendre le chemin de l'exode pour se rendre en Normandie où ils pensent pouvoir être à l'abri des bombardements et des exactions commises par l'armée Allemande, ils ont aussi très peur des SS et de la Gestapo, les Saurel sont de confession juive et la traque aux juifs a déjà commencée.
Dans la Citroën, Liliane Saurel est en larmes, son fils de 14 ans, Joachim, est lui aussi bouleversé, Adrien, presque 18 ans est dévasté tout comme son père Antoine, mais les deux hommes tentent de le cacher. Margaux n'a que quatre ans et ne comprend pas bien ce qu'il se passe, elle a l'impression de partir en vacances, pourtant elle s'inquiète quand elle voit sa mère pleurer. Liliane Saurel ne pleure jamais, c'est une femme forte. Margaux enlace son Berger d'Ecosse et tente de se rassurer.
Antoine Saurel a décidé de prendre les routes de campagne afin d'éviter les embouteillages des grands axes routiers. Ils roulent vers Honfleur mais ne sont pas seuls, beaucoup de Français fuient comme eux, il y a des voitures, des charrettes tirées par des chevaux, des piétons. Soudainement, ils entendent des détonations et comprennent qu'ils sont bombardés par la flotte ennemie. Tout le monde sort de la voiture et court se mettre à l'abri. Etendus, sans bouger, sur la luzerne d'un champ alentour, ils doivent attendre la fin des hostilités mais Toscane, leur chien, est resté dans la voiture et Margaux décide d'aller la chercher, elle échappe à la vigilance de ses parents et c'est la dernière fois qu'ils la verront.
L'enfant s'est volatilisée. C'est l'affolement, comment une petite fille de quatre ans peut, comme ça, disparaître sans que personne n'ait rien vu. La famille entame des recherches, interroge tout le monde, et finit par se rendre à la police pour demander de l'aide. C'est le flou total, personne ne sait rien.
Margaux n'est pas morte dans le bombardement comme l'ont envisagé un moment donné ses parents, elle a été enlevée par Clémence, une jeune femme en mal d'enfant, Clémence était la maman de Vanessa, une petite blondinette comme Margaux qui avait elle aussi 4 ans, mais l'enfant est décédée et Clémence n'a jamais réussi à faire le deuil de cette petite fille qu'elle aimait plus que tout.
Karine Lebert nous embarque dans la fuite de Clémence et Margaux, parce que la jeune femme qui habite un somptueux manoir avec son frère, pas très loin de l'endroit où elle a enlevé la fillette, ne peut pas rester sur place, les Allemands arrivent et au village, on sait qu'elle n'a pas d'enfant, elle serait tout de suite repérée. Son frère, Charles, tente bien de la raisonner mais Clémence ne veut rien entendre, elle veut un enfant et a décidé que ce serait Margaux. A bord de son véhicule, elle prend la route et décide de partir pour le Sud, son objectif, passer la Loire le plus rapidement possible. Elle décide même de changer le prénom de Margaux, désormais elle sera Agathe, Agathe Avelange comme son nom de famille.
On assiste, impuissant, au désespoir de la fillette qui, si elle ne dit rien et semble résignée, n'oublie absolument pas sa vraie famille et ne désespère pas de la retrouver. Clémence est gentille avec l'enfant, on se dit qu'elle va finir par se rendre compte de son erreur et va aussi se mettre à la place de la fillette et de ses parents, qu'elle finira par retrouver la raison, mais c'est peine perdue, la jeune femme s'enfonce de plus en plus et on a l'impression d'arriver à un point de non retour, on a peur que Margaux ne revoit jamais plus sa vraie famille. C'est assez stressant, à chaque moment on attend le faux pas qui lèvera le voile sur Clémence, mais la jeune femme ne faiblit pas, pire, au fil du temps elle se renforce et prend de l'assurance.
Quand Clémence est obligée de s'installer à Chartres parce qu'elle n'a plus moyen d'aller plus loin, les Allemands sont partout, on est plein d'espoir, d'autant plus que les parents Saurel ont mis des annonces dans les journaux et qu'ils ne relâchent absolument pas leurs recherches, même si c'est très compliqué parce qu'ils sont eux aussi recherchés à cause de leur religion.
L'auteure nous livre une magnifique histoire pleine d'émotion, on est tout de suite attaché à la fillette qui est remarquable malgré son jeune âge. On pense qu'elle est si petite qu'elle oubliera sa vie d'avant et sa famille mais pas du tout. On a énormément d'empathie pour ses parents, on ressent et partage leur chagrin. Je suis en colère contre Clémence, contre son frère qui n'a pas réussi à la raisonner.
Karine Lebert n'oublie pas de nous mentionner les faits historiques réels concernant la région, l'avancée des troupes Allemandes, les opérations de résistance, et j'apprends des choses que je ne savais pas.
Et si, finalement, Clémence avait fait une bonne action en enlevant Margaux, la protégeant ainsi d'une possible rafle de l'ennemi et peut-être même de la mort ? le débat est lancé, sacré dilemme, surtout lorsqu'on sait que les parents et les deux frères sont en grand danger et risquent à tout moment d'être déportés. Je n'en dirai pas plus, je vous laisse découvrir ce merveilleux roman que j'ai beaucoup aimé et qui m'a donné énormément d'émotions.
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