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Citation de Silvercreek


Debout sous les nuages gris de la mousson, Mellas se tenait sur l'étroite bande de terrain dégagé séparant la lisière de la jungle et la sécurité relative du périmètre protégé. Il essaya de se concentrer pour compter les treize autres marines de la patrouille qui émergeaient de la jungle en file indienne, mais l'épuisement lui rendait la chose difficile. Il tenta aussi, mais sans succès, d'occulter l'odeur de la merde qui clapotait dans l'eau dont les latrines à ciel ouvert étaient à moitié pleines, là-haut, au-dessus de lui, de l'autre côté du grillage. La pluie gouttait du rebord de son casque, dégoulinait devant ses yeux, éclaboussait le tissu satiné vert olive qui retenait le blindage de son encombrant gilet pare-éclats tout neuf. Le tee-shirt et le boxer vert foncé que sa mère avait teints à peine trois semaines plus tôt lui collaient à la peau, lourds et moites sous sa veste et son pantalon de camouflage. Il savait qu'il trouverait des sangsues agrippées à ses jambes, à ses bras, à son dos, à sa poitrine, sous ses habits mouillés, même s'il ne les sentait pas encore. C'est comme ça avec ces bestioles, songea-t-il,. Elles étaient tellement petites et fines avant de se gorger de sang qu'on les remarquait rarement-sauf si elles vous tombaient dessus du haut d'un arbre-, et jamais on ne les sentait percer la peau. Il y avait une espèce d’anesthésique naturel dans leur salive. Ce n'était que plus tard qu'on les découvrait, gonflées de sang, accrochées à son corps tels de minuscules ventres de femmes enceintes.
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